Analyser le tableau soumis (noms du peintre et de l'oeuvre non fournis) en vous appuyant sur le cours dédié à la morale et à l'éthique et en formulant une problématique philosophique (35 mn)
Proposition de traitement par Mlle Claire SZYMCZYSZYN, TES1, lycée Albert-Ier de Monaco, 03 février 2020
Le tableau présenté met en avant deux personnages et un cheval mis au centre de la peinture, il n’y a pas de couleur de référence. Nous pouvons distinguer deux parties du tableau séparées par une diagonale. Du côté haut, les couleurs froides sont majoritaires, le bleu et le vert occupent une partie importante. Ensuite, en bas du tableau sont présentes des couleurs chaudes. Le cavalier semble en difficulté, son compagnon l’aide. Le contraste des couleurs chaudes/froides présente une opposition. La couleur orange retrace une route sur laquelle des personnes marchent. Au fond, un homme est à l’intersection des deux couleurs. Nous pouvons supposer qu’il tente de quitter un endroit pour passer à un autre.
La présence d’un animal et d’humains nous amène à penser une cause commune. Le comportement est un élément les reliant. Par étymologie, comportement, vient du grec « éthos » qui veut dire éthique. La personne présente au fond du tableau s’écarte du duo, elle ne semble pas vouloir les aider. Cette personne n’a pas l’air d’avoir d’obligation morale qui la pousse à aider le cavalier en détresse. La personne s’approche du côté bleu, le côté froid, qui suppose une froideur dans les sentiments, c’est-à-dire que cet individu n’agit pas avec son cœur mais agit de manière "juridique". Au-delà de la contrainte juridique, rien dans ce côté ne se traduit par une obligation. Au contraire, la personne qui aide le cavalier tente de le remettre sur le droit chemin malgré une opposition apparente : le cavalier est bleu, le porteur est rouge.
On peut ajouter qu’il n’a pas là d’obligation morale, c’est-à-dire une action jugée à partir de la représentation d’un comportement idéal, mais on y trouve une obligation éthique, c’est-à-dire qu’il souhaite personnellement venir en aide. Le personnage à une interprétation des règles personnelle. Un livre en bas à gauche est posé sur le sol, ce qui prouve que les lois juridiques sont mises de côté pour laisser place à des valeurs éthiques. D’après Nietzche dans La volonté de puissance, la morale nous empêche de faire ce qu’on veut. De plus, le philosophe Paul Ricœur exprime dans Soi-même comme un autre que chaque action qu’on souhaiterait qu’un individu réalise pour nous, il faut pouvoir l’accomplir de manière universelle.
Le cheval tend vers la droite, les couleurs froides. Il souhaite rejoindre une vie non éthique mais le bon Samaritain veut, lui, empêcher de tomber dans le mal, symbolisé par les couleurs froides, afin de le maintenir sur le droit chemin, c’est-à-dire, le bon côté, l’obligation positive. Cette assistance conduit à une conservation de l’espèce, elle modère les effets négatifs de l’amour de soi. Rousseau évoque cette idée quand il exprime « Fais ton bien avec le moindre mal d’autrui qu’il est possible », dans le Discours sur l’origine et le fondement de l’inégalité parmi les hommes.
Le bon Samaritain souhaite transmettre et appliquer sa théorie qui consiste en la nature humaine conçue comme essentiellement bonne, le sentiment du devoir venant d’une répulsion innée pour le mal. Ce tableau nous soumet l’idée que l’on peut toutefois être moral sans être éthique.
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