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Atelier Bonheur & solitude dans “Requiem for a dream” (D. Aronofsky, 2000) - 12 mn 19

Publié le 29 Janvier 2020, 18:55pm

Catégories : #Ateliers audiovisuels

Atelier Bonheur & solitude dans “Requiem for a dream”  (D. Aronofsky, 2000) - 12 mn 19

A partir de la bande-annonce et de la présentation ci-dessous du film, mettez en lumière le lien entre Requiem for a dream et la notion de bonheur, à l'appui d'une problématique philosophique.

 

Essai vidéo consacré à l’analyse philosophique du film Requiem for a dream (trailer VOST, sur le bonheur et la solitude (par Elena Nowacki et Romain Pinteaux, étudiants en CPES2 à l’université PSL)

source : http://www.atelierphilo.fr/cpes/bonheur-solitude-dans-requiem-for-a-dream-cpes2-2018/

 

trailer 2  VOST (1mn32)

 

Requiem For A Dream / Tout à retenir en 6 min (6mn13)

 

Synopsis :

Harry Goldfarb est un jeune diplômé accro à l'héroïne. Pour payer sa dope, il vole et revend le poste de télévision de sa mère, Sara, une veuve pauvre qui perd le sens du réel. Dépendante de la télé, celle-ci se gave d'amphétamines pour maigrir et espère ainsi passer dans son émission préférée.


Requiem for the modern world
Tel pourrait être sous-titré ce film, tant la mort du rêve est en fait celle du monde civilisé. Aronofsky réalise une puissante oeuvre, tant sur le plan visuel que sur celui des idées.

Requiem for a dream est un film générationnel, au même titre que Trainspotting. Ses thèmes sont en effet au cœur de la jeunesse contemporaine : les médias, la drogue, le sexe. Mais au-delà, Requiem est une réflexion sur l’addiction, sur l’aliénation et la propriété de soi. Visuellement et esthétiquement, Aronofsky matérialise l’urgence du besoin, l’obsession de la consommation. La rythme de la réalisation, la musique entêtante, le montage des plans révèlent la déchéance des personnages : lente au départ, puis effrénée sur la fin. Il dénonce ainsi l’excès par l’excès. L’image sature comme le cerveau des personnages.

Résumé & Commentaire sur Requiem for a dream : L’aliénation du monde moderne
Chaque personnage présente son propre addiction :

– la mère du héros (Sarah Goldfarb), veuve et pauvre, est dépendante de la télévision, laquelle lui intime de rester jeune et belle (sous forme d’impératif catégoriques : « no read meat, no sugar, … »). Ses journées sont rythmées par les émissions de sur le régime. Elle se rend ainsi chez un médecin, qui lui prescrit des coupe-faims addictifs (des amphétamines). Le but étant de pouvoir mettre la robe de son mariage, symbole de jeunesse et de bonheur révolus. Elle s’imagine dans l’émission, qui devient alors une projection de son intériorité. De même, les personnages télévisuels sont projetés littéralement dans son salon, envahissent son intérieur. Aronofsky signifie ainsi la perte de repère, de sens du réel. Bien sûr, le régime fonctionne, mais ces médicaments lui font perdre tout lien avec la réalité. Sa fin sera bien triste : une lobotomie frontale et un séjour, que l’on devine définitif, en hôpital psychiatrique.

– Harold Goldfarb (Jared Leto) : Harold est diplômé d’université, mais se drogue en compagnie de son ami Tyrone ou de sa petite amie Marianne. La drogue est au départ présenté comme ludique, comme une joyeuse fuite de la réalité. Vient ensuite la vision mercantile, puisque lui et Tyrone ont l’idée de vendre de l’héroïne. Ils découvrent alors l’univers des dealers, violent et sans pitié. Harold devient également un gros consommateur. A tel point que son bras se gangrène. Il finira amputé, symbole du pouvoir de la drogue, de son démembrement moral.

– Marianne : D’un tempérament artistique, Marianne s’abîme peu à peu dans la drogue et finit par se prostituer pour s’en procurer. A travers Marianne, on comprend que la drogue signifie aussi négation de la créativité.

– Tyrone : Tyrone représente la tendresse, via la récurrence de ses souvenirs d’enfance, époque de douceur où il était protégé par sa mère. Pour lui, la toxicomanie le conduira en prison, où il fera l’expérience du racisme et de la solitude. Ceci étant, la prison suppose cure, ce qui laisse entrevoir un futur moins sombre.

Requiem for a dream relate une société de désillusion, dans laquelle le bonheur n’est qu’éphémère. Pire, c’est la conquête du bonheur qui les consume et les détruit peu à peu. Leur évolution est ainsi purement régressive.

L’affiche du film est très intéressante également : d’un point de vue symbolique, l’œil est considéré comme le miroir de l’âme. Or, dans le très gros plan sur l’iris, vraisemblablement l’œil de Harry Goldfarb, on relève deux points importants. D’une part, la pupille dilatée est d’un noir envahissant. D’autre part, en regardant attentivement dans le minuscule reflet de l’iris, on remarque un ciel bleu avec des nuages, emblème par excellence d’une dimension onirique, d’un au-delà rêvé. Le contraste entre la pupille noire dilatée, signe d’une perception altérée, et du ciel bleu en guise de reflet, évoque bien l’esprit de confusion entre rêve et réalité, entre perception du réel et simulacre. Les personnages expérimentent tous la réalité par l’intervention d’une substance ou d’un objet, qu’il s’agisse de l’héroïne ou de la télévision. Leur vision du monde est déformée.
Sur le plan symbolique, les dernières minutes sont également très chargées d’un point de vue émotionnel. Filmées en plongée, chacun des personnages se couche en position fœtale dans un lit ou sur un canapé, lieux ironiquement très propices pour dormir et rêver. Cette position renvoie nécessairement au point ultime de leur régression, soit celui de la sécurité dans le ventre de la mère.

Conclusions sur Requiem for a Dream
On comprend donc que Requiem n’est pas un film sur la drogue, mais un film sur l’addiction et la modernité. La condamnation de la société est sans appel : l’individu est seul, sans repère, incapable de discerner le vrai du faux. Notre monde, selon Aronofsky, est dionysiaque et aliénant.

 

source :  https://la-philosophie.com/requiem-for-a-dream-analyse

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