Pink Floyd, The Wall
De: Alan Parker, 1982
Avec : Bob Geldof (Pink), Christine Hargreaves (la mère de Pink), James Laurenson (le père de Pink), Eleanor David (la femme de Pink), Kevin McKeon (Pink enfant), Bob Hoskins (l'impresario).
durée : 1h40
Un film ambitieux, inqualifiable, intemporel (un chef-d’oeuvre en somme !), qui brosse le portrait d’une douleur… vue de l’intérieur. Laissez-vous hypnotiser par ce monde chaotique, douloureux et pourtant si fidèle à une certaine réalité.
L’histoire du cinéma offre à nos yeux un certain nombre d’OCNIs (Objet Cinématographique Non-Identifié), films mythiques et pourtant peu connus, qui demeurent dans l’inconscient collectif comme la marque d’une époque, comme le reflet d’une génération. Le style de films dont tout le monde parle, mais que personne ne semble avoir vraiment vus… D’emblée émane autour de Pink Floyd : The Wall, une aura particulière, un sentiment d’inquiétante étrangeté que l’on peut attribuer à ce groupe britannique formé en 1964. Leader de la musique psychédélique et du rock progressif, Pink Floyd se forge une renommée internationale grâce, entre autres, à ses textes philosophiques et politiques, mais aussi de par ses expérimentations sonores et ses performances scéniques on ne peut plus originales, voire parfois dérangeantes.
Proposé au départ par Roger Waters, l’album « The Wall » (1979) peint avec violence la solitude de l’artiste face à son public, tout en évoquant l’aliénation des hommes par la société. Au cours de la tournée qui suivra, l’isolement des Pink Floyd prendra une forme scénique assez inattendue, provocante et osée. Au cours du concert, un véritable mur en briques est construit, séparant ainsi le groupe de son public. En 1982, Alan Parker réalise un film autour de ce concept d’enfermement, mettant en vedette Bob Geldof dans le rôle principal de Pink. Ode véritable à l’album, Pink Floyd : The Wall a la caractéristique de ne comporter quasiment aucun dialogue : la part belle est faite aux morceaux du groupe, dans une alternance de scènes filmées (les souvenirs d’enfance de Pink se mêlant avec habilité au temps présent), et d’illustrations dessinées ; ces dernières étant l’oeuvre d’un célèbre caricaturiste satirique anglais, Gerald Scarfe.
Alan Parker a ainsi élaboré un dispositif filmique efficace, qui se met au service d’une gigantesque fresque peignant méticuleusement la schizophrénie du personnage en focalisation interne. La première lecture, la plus évidente, laisse d’abord apparaître les souffrances de Pink face à l’absence du père et à la surprotection de sa mère (dans « The Trial », ses bras se transforment en mur…). Une douleur causée par un tiers qui fait naître un sentiment de médiocrité vis-à-vis du monde des adultes. À la seconde lecture apparaît alors une critique plus profonde de la société, et en particulier une attaque quasi explicite contre Margaret Tatcher, qui a lancé le pays (le Royaume-Uni) dans la guerre des Malouines. La jeunesse, devant tant d’inconscience, n’a d’autre choix que de se perdre dans le rock, le sexe et la drogue.
source :
https://www.iletaitunefoislecinema.com/pink-floyd-the-wall-a-la-decouverte-dune-schizophrenie-psychedelique/
Après le décès de son père pendant la seconde guerre mondiale, Pink est élevé par une mère tyrannique. Devenu rock star, il mène une vie tourmentée et s'enferme sur lui-même dans sa chambre d'hôtel. Peu à peu, il sombre dans la drogue tandis que la folie commence à s'emparer de lui.
C'est une histoire sans histoire, ou plutôt pleine d'histoires insensées qui se succèdent. Sur une musique des Pink Floyd, les images racontent l'histoire d'un homme qui s'enfonce dans la solitude en édifiant, pierre à pierre, le mur qui le sépare de la vie et des autres...
Film très contestable où, encore dans ce début des années 80, dans une sorte de contre-culture attardée bientôt balayée par le disco, tous les excès (violence, jeunes femmes prêtes à tout, drogue et alcool) sont justifiés par les névroses supposées des artistes. Ici, en plus, fascination détestable pour les cérémonies nazies grandiloquentes, sous prétexte que le héros se sent mal.
Chacune de ces séquences est emportée par la musique harmonieuse et rythmée des Pink-Floyd. Il est alors difficile de ne pas se sentir pris en otage dans ces chemins douteux.
Le traumatisme (père mort lors de la seconde guerre, mère peu aimante) se double d'un sentiment d'abandon (bonheur des autres et patriotisme mal vécu par l'enfant seul, rat blessé soigné avant qu'une maladie n'empêche l'enfant de le nourrir et lui ferme ainsi la porte de la compassion d'où sans doute femme angélique que l'on laisse partir). Tous ces traumatismes viennent prendre place juste avant le grand concert de l'artiste.
Happy-end paradoxal offert au public : alors qu'il va mourir d'une overdose (vision du corps pourrissant), il se condamne mentalement à faire exploser le mur de protection qu'il s'était constitué pour ne pas vivre avec ses semblables. C'est ainsi trop tard qu'il comprendrait que le bonheur est d'aller à la rencontre des gens qui vous aiment derrière nos murs de protection.
source : https://www.cineclubdecaen.com/realisat/parker/pinkfloydthewall.htm
Un double album qui s'est vendu à plus de douze millions d'exemplaires, un show, et aujourd'hui un film qui a été présenté hors compétition au Festival de Cannes : mis en images par Alan Parker (le réalisateur éclectique de Midnigth Express, de Famé, de Bugsy Malone, de Shoot the Moon), The Wall est l'œuvre de Roger Waters, le bassiste, chanteur et mentor du Pink Floyd.C'est un film rock, bien sûr, plus encore qu'on ne s'y attendait de la part d'un groupe prisonnier de son succès, de sa légende. Un film en forme de métaphore, simple peut-être, mais moins qu'il n'y paraît, confus, sûrement, parce qu'il s'abreuve de symboles, qu'il porte en lui toutes les obsessions du rock. Les images s'entrechoquent, se bousculent, se répètent à l'infini, violentes, excessives, pour illustrer les textes des chansons, en empruntant les mécanismes de l'opéra.Pink Floyd, the Wall est l'histoire de Pink, une rockstar qui se coupe du monde et des êtres, dont la vie est une suite de flash-back qui sont autant de briques dressant le mur de sa solitude (Another Brick On The Wall) : construction puis destruction d'un homme par l'isolement paranoïaque qui le mènera, après s'être désagrégé, à la folie du nazisme, puis au jugement ultime, condamné à briser le mur pour retourner parmi les siens.
Les briques de The Wall ne posent pas tant les bases d'une réflexion qu'elles lancent les signes d'une vie, celle de Roger Waters qui se définit lui-même comme " un enfant de la seconde guerre mondiale qui a suivi l'évolution de l'Europe occidentale au rythme de ses espoirs et de ses désillusions. The Wall tente de montrer comment un individu s'isole du monde parce qu'il en a peur. Mais aussi comment les sociétés arrivent à se couper des êtres qui les composent parce qu'aveuglées par la compétition, accaparées par une pression qu'elles ne contrôlent plus, elles ne perçoivent plus ni ne répondent à leurs besoins ".
Dans le studio des Who, sur les bords de la Tamise, Pink Floyd commençait le 1er juillet l'enregistrement d'un nouvel album. Rick Wright, l'homme des claviers, était absent, Nick Mason, le batteur, attendait le bon vouloir de Roger Waters, s'adressant à lui presque comme à un patron. Seul David Gilmour, le guitariste, qui compose encore un peu, n'est pas réduit au rôle de simple exécutant dans un groupe, pourquoi ne pas dire une entreprise, qui répond exclusivement aux aspirations de Roger Waters. " Oui, je suis intéressé par le pouvoir, dit Roger Waters, en termes de travail. Les choses doivent être faites et il est très difficile de créer à plusieurs. L'idée du groupe démocratique est un leurre qui a fait son temps dans les années 60, mais ça n'a jamais vraiment existé. Au début, Pink Floyd était le groupe de Syd Barrett, aujourd'hui c'est le mien. Ce qui ne veut pas dire que les autres n'ont pas droit à la parole. "
" Pink Floyd a beaucoup changé. A la fin des années 60 nous nous contentions de fabriquer un joli bruit, ce qui était O.K., mais ça devient lassant à la longue. A mesure que l'on vieillit, l'évolution, la maturité, l'expérience permettent de traduire les sentiments de façon plus concise, plus exacte, on est à même de s'exprimer plus clairement, avec plus de puissance. Non, ce n'est pas l'argent qui me pousse à faire les choses, encore qu'aujourd'hui l'argent est une façon de mesurer le nombre de personnes que l'on touche. En dépit, mais surtout à cause de son importance, Pink Floyd subit des pressions terribles. L'industrie musicale est un monstre haïssable. "
source : https://www.lemonde.fr/archives/article/1982/07/17/rencontre-avec-roger-waters-pour-pink-floyd-the-wall-d-alan-parker-une-vie-un-groupe-en-rock-majeur_3105733_1819218.html
Le 30 Novembre 1979, le célèbre groupe de rock progressif britannique Pink Floyd fait paraître son onzième album : The Wall. Il s’agit d’un double album qui, sans aucun doute, marque l'apogée du groupe, mais aussi d’une réalisation forte et complexe, qui, par la suite, va amener celui-ci à construire autour d’elle tout un univers : un vaste opéra rock, adapté pour le cinéma grâce à l'aide d’Alan Parker. Cette transposition cinématographique va prendre quatre années, et donner lieu, en 1982, à un film directement tiré du CD et intitulé, comme ce dernier, The Wall.
Il s’agit d’un film musical totalement dépourvu de dialogues, où tout n’est conté et exprimé qu’à travers les paroles des chansons du CD, qui morceau après morceau, racontent l’histoire et l’ évolution du personnage principal, une rock star nommée Pink. On y apprend que celui-ci est profondément tourmenté par sa situation. Et on le voit revenir sur les éléments de sa vie qui l'ont conduit à construire psychologiquement un mur entre lui et les autres, chaque élément étant « another brick in the wall », selon le titre phare de l'album. Ainsi, nous découvrons que l'absence de son père mort à la guerre pendant son enfance, la surprotection de sa mère, l'enseignement stérile de l'école, la cruauté des professeurs, l'infidélité de sa femme, l'hystérie de ses fans et le caractère malsain de sa vie de star sont autant d'éléments qui l'ont amené à construire « le mur » et à se couper psychologiquement du monde.
Visuellement, le film a cherché à donner une vie et des images à l’histoire racontée dans la musique de Pink Floyd. Plus particulièrement, Alan Parker a accordé une véritable existence au personnage de Pink, incarné par Bob Geldof, un acteur dont le jeu colle parfaitement à la personnalité complexe de l’artiste, et à l’intériorité exacerbée qui le caractérise.
source :
http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/derriere-the-wall-le-pere-13-12-2015-5365655.php
Les images illustrent donc les musiques ainsi que leur contenu narratif. Néanmoins, il ne faut surtout pas considérer The Wall comme « une vulgaire suite de clips », comme l’ont fait certains critiques virulents. Cette œuvre cinématographique est bien plutôt à considérer comme un ensemble, et non comme une suite de morceaux collés les uns aux autres. Avec un peu d'attention, on constate d’ailleurs une progression tout au long du film - une progression qui ne serait pas possible si The Wall n'était pas un tout.
Pour mettre en images l'album, Alan Parker a décidé avec le groupe d'alterner des scènes filmées avec des scènes d'animations, dessinées par Gerald Scarfe. Le résultat est saisissant et souligne le caractère particulièrement sombre de l’album aussi bien que du film. Certains vont adorer l’effet produit, d'autres, le détester, mais une chose est certaine : personne ne peut rester de marbre face à cette lente immersion musicale et visuelle dans l'univers dérangeant de la folie.
Par ailleurs, pour ceux désireux de mieux connaître le groupe Pink Floyd, il faut mentionner que l’album The Wall met à nu le cœur du leader, le célèbre bassiste Roger Waters, connu notamment pour ses rapports exécrables avec le public. Celui-ci a presque intégralement composé cet album, qui s'avère être en grande partie autobiographique. Comme le personnage de Pink, Roger Waters a eu un père mort à la guerre, une mère trop protectrice, et a rejeté l'enseignement scolaire tout comme la célébrité. Aussi bien, il est possible de dire que The Wall a permis à Roger Waters de dresser matériellement au cinéma et sur scène le mur qu'il a toujours voulu mettre entre lui et son public, mur qu'il continue encore de dresser ― seul ― aujourd'hui au moyen de tournées monstrueuses consacrées à cet album. Les autres membres du groupe ont d'ailleurs tenu à marquer un certain recul par rapport au projet de The Wall, le qualifiant de trop sombre. David Guilmour, guitariste du groupe est même allé jusqu'à dire : « Je ne me reconnais pas dans cet album. C'est celui de Roger, pas celui du groupe ».
Néanmoins, il faut préciser qu’en dépit de cette dimension autobiographique certaine, le destin de Pink qui se laisse sombrer dans la schizophrénie, la drogue et la folie n'est pas celui de Roger Waters : plutôt celui de Syd Barret, créateur du groupe qui l'a rapidement quitté, dépassé par les événements et qui, comme Pink, n’a pas su faire face à la réalité. On sait que Syd Barret a passé sa vie à se laisser détruire par la drogue et la folie, et a fini par en mourir en 2006, isolé dans sa maison depuis des années.
En conclusion, The Wall est une œuvre, qui, si on la comprend, ne peut laisser indifférent. C'est une histoire déchirante, où le spectateur se trouve obligé de sombrer en même temps que le personnage et de partager avec lui une douleur psychique sans bornes. Le film, plus particulièrement, est une création touchante, sincère et qui permet au spectateur de s’immiscer dans l'univers psychédélique que Pink Floyd a mis en place depuis des années. Une œuvre intemporelle et saisissante qui n'a pas vieilli le moins du monde et qui vous fera toujours autant vibrer à chaque fois que vous la reverrez.
source : https://blogs.parisnanterre.fr/archives/humanites/content/another-article-about-wall.html
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