Le Docteur Constance Peterson, psychiatre psychanalyste, et le faux Docteur Edwards, atteint d’un complexe de culpabilité, tombent amoureux l’un de l’autre dès leur première rencontre. Même si Constance est une psychiatre qui sauve à la fois de la folie et de la prison celui qui se prénomme en fait John, elle est avant tout une femme amoureuse qui elle aussi se trouve sauvée de sa triste existence, faite uniquement de travail, dans laquelle elle s’était enfermée. C’est ainsi qu’elle nous est présentée la première fois, absorbée par son travail. Pour sa première rencontre avec le Docteur Edwards, dont elle est une fervente admiratrice, Constance a laissé au vestiaire les accessoires dévolus au psychiatre pour apparaître en tant que femme, elle ne porte effectivement ni lunettes, ni blouse blanche. Libérée de cette armure qu’est sa tenue de travail, mais aussi plus vulnérable, elle révèle à ses collègues son admiration pour celui dont elle a lu tous les livres. Après être tombée amoureuse de son esprit, en voyant pour la première fois le supposé Docteur Edwards, elle rencontre un homme dont le physique la charme également.
Pour sa première rencontre avec le Docteur Edwards, dont elle est une fervente admiratrice, Constance a laissé au vestiaire les accessoires dévolus au psychiatre pour apparaître en tant que femme, elle ne porte effectivement ni lunettes, ni blouse blanche. Libérée de cette armure qu’est sa tenue de travail, mais aussi plus vulnérable, elle révèle à ses collègues son admiration pour celui dont elle a lu tous les livres. Après être tombée amoureuse de son esprit, en voyant pour la première fois le supposé Docteur Edwards, elle rencontre un homme dont le physique la charme également.
A son entrée dans la salle des repas, nous le découvrons du point de vue de la jeune femme, John étant debout, et elle assise, il nous apparaît aussi grand qu’il l’est dans l’esprit de Constance. A son approche débute ce qui sera le thème d’amour du film. Puis la musique se fait un peu plus forte pour mieux accompagner l’échange de regards entre les deux protagonistes, regards accentués par un champ-contrechamp qui en dit long sur leur trouble réciproque. Figurent dans cette scène un vrai échange de regard, une vraie rencontre avec l’autre et, par conséquent, les prémices d’une vraie relation. Les sentiments amoureux, parfois si compliqués à vivre et à comprendre dans la vie, sont au cinéma, dans les scènes de coup de foudre, d’une limpidité rassurante et réjouissante, cultivant ainsi la belle idée réconfortante de l’âme sœur. C’est en partie ce qui fait l’attrait du coup de foudre sur grand écran, comme le soulignent N. T. Binh et Francis Bordat dans l’article ouvrant ce numéro : « Sans doute n’estce pas là l’amour comme il survient dans la vraie vie, mais c’est sûrement comme ça qu’on rêve désormais de tomber amoureux1 ». Constance commence, avec cette scène, à exister physiquement, elle n’est plus seulement un cerveau, mais aussi un corps. A l’inverse, le personnage de Gregory Peck devra laisser exister son esprit, le laisser parler pour guérir. Constance l’y aidera. Pour que l’amour existe vraiment, une deuxième rencontre est nécessaire après ce coup de foudre, celle de la vraie découverte de l’autre, faite ici tout au long du film.
Que la psychanalyste et son patient tombent amoureux l’un de l’autre est a priori peu recommandé pour la réussite d’une psychanalyse ; mais il ne s’agit pas là d’un film sur la psychanalyse, mais d’un film d’amour. Eric Rohmer et Claude Chabrol voient d’ailleurs Spellbound comme « un grand film d’amour2 ». La psychanalyse n’est ici que la métaphore d’un amour salvateur, si cher à Hitchcock. Comme l’a écrit Bruno Villien : « Ironiquement, Hitchcock prend le contrepied de la théorie officielle : il montre que l’analyse est encore plus efficace si la psychiatre est amoureuse de son « fou »… 3 ». Constance tombe amoureuse de John dès leur première rencontre, apprendre qu’il n’est pas le vrai Docteur Edwards et qu’il est soupçonné d’être son assassin n’y changera rien. Portée par cet amour révélé par un coup de foudre, elle est convaincue de son innocence. Est bien loin le désabusé Docteur Constance Peterson aux pensées bien arrêtées sur l’amour. Elle, qui le définissait comme une simple attirance physique, sera prête à prendre tous les risques pour aider John. Constance est en fait, au moment de sa rencontre avec le faux psychiatre, une femme déçue par l’amour car elle l’espère aussi grandiose que le lui disent les poèmes. C’est ce qu’elle confie à l’homme dont elle vient de tomber amoureuse lors de leur premier rendez-vous. Mais John étant l’homme qu’il lui faut, et elle la femme qu’il lui faut, leur premier baiser, à l’image de leur relation, sera comme Constance en rêvait ; digne d’un vrai « poème lyrique ». La scène de leur premier baiser, avec la surimpression de portes s’ouvrant l’une après l’autre, nous révèle un amour ouvert à la fois sur le monde et sur les profondeurs de l’esprit. A l’inverse de ceux de Vertigo nous présentant une relation égocentrée finissant par littéralement tourner en rond, et enfermant les protagonistes dans un amour morbide.
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