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Krzysztof Penderecki, "Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima" (1959)

Publié le 15 Novembre 2019, 23:01pm

Catégories : #Philo & musique

Krzysztof Penderecki, "Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima" (1959)

Krzysztof PENDERECKI est un compositeur né en Pologne en 1933.
Thrène : dans la Grèce Antique, c'est un chant de deuil en l'honneur d'un mort illustre
 

 

 Penderecki évoque et dénonce le largage par les Américains de la première bombe atomique sur Hiroshima (Japon) le 6 août 1945, qui fera plus de 70 000 victimes.
A l’origine, cette œuvre s’appelait 8’37 (la durée de l’attaque sur Hiroshima le 6/8/1945). Penderecki la renomma Thrène pour les victimes d’Hiroshima pour une meilleure compréhension du public.

1. La formation instrumentale :

c'est un ensemble de 52 instruments à cordes :
 - 24 violons
 - 10 altos
 - 10 violoncelles
 - 8 contrebasses


2. Thématique :

Il n'y a aucun thème (ou mélodie) perceptible.
On ne parle pas de mélodie mais de structures linéaires.

3. Temps :

Il n'y a aucune pulsation, on appelle cela un temps lisse

4. Timbre :

On entend une très grande richesse de timbres. Penderecki exploite les instruments jusqu'à leur extrême limite.
Le son est primordial, avant la mélodie ou la structure. Les sensations auditives inédites sont recherchées.

5. Hauteurs :

Penderecki utilise les 12 notes de la gamme chromatique (touches noires et blanches du piano), plus les quarts de tons (ex : le son entre do et do dièse).
Il utilise ces hauteurs intermédiaires dans les glissendi. (on parle de glissendi microtonaux)
Il crée ainsi un espace sonore très vaste, car lorsque l'on fait un glissendi sur un violon, on parcourt une quantité infinie de notes.
"Glissando" est un terme musical d'origine Italienne qui désigne soit un glissement continu d'une note à une autre (ex : au trombone), soit le passage d'une note à une autre par un groupe de notes intermédiaires (ex : au piano)

6. Les nuances :

Il utilise des oppositions brutales de nuances, avec les crescendo < , et les decrescendo >

7. La partition :

Le temps est indiqué en secondes. On peut voir des éléments de notation traditionnelle, mais aussi des dessins et symboles choisis par le compositeur

8. Les structures verticales :

On ne parle pas d'harmonie, mais de structures verticales. Cela se traduit musicalement par le cluster.
Le cluster, c'est une "grappe de sons" très proches les uns des autres.

9. Écoute de l’œuvre :

Cette œuvre peut se découper en trois parties distinctes :

Séquence 1 : 0'00 à 1'23 : Les instruments sont répartis en dix groupes.
-Leurs entrées sont décalées, et sur la note la plus aigüe possible.
-Chaque musicien joue une note tenue différente, cela crée des dissonances.
-Les nuances sont fortissimo (ff), les sons entendus sont stridents et agressifs
(= cris, hurlements des victimes?)
-0'20 : la tenue des note se transforme peu à peu en oscillation
-1'15 : nuances pianissimo (ppp) subito (soudainement)
(= les hurlements se transforment en plaintes?)

Séquence 2 : 1'23 à 2'16 : Accélération rythmique et ajout de modes de jeux spéciaux, percussifs, qui s'étendent progressivement à tous les instruments. Ex :
-Pizzicato (en pinçant la corde avec les doigts)
-En jouant entre le cordier et le chevalet
-En frappant sur la table de l'instrument
-Con legno : En frappant les cordes avec le bois de l'archet
-Effets de crépitements et de stridence (= affolement, panique?)

Séquence 3 : 2'17 à 4'11 : Cluster (superposition aléatoire de sons, dont l'épaisseur est variable)
-Glissendo (glissement sur la corde)
-Variations de nuances : crescendo (de plus en plus fort <) et decrescendo (de moins en moins fort >)
-9 effets de sirène que l'on peut schématiser en trois figures.

10. Procédés musicaux/ évocations, sentiments (récapitulatif)

Procédés musicaux
Evocations, sentiments
Registre suraigu, sons stridents
Nuance ff, attaques des sons agressives
Dissonances (sons « désagréables ») tenues
Hurlements, angoisse
Modes de jeu spéciaux : effets de percussion en
frappant sur la table de l’instrument.
Jeu col legno : on frotte ou on frappe les cordes
avec le bois de l’archet.
Accélérations rythmiques qui gagnent tous les
groupes.
Désordre, chaos
glissando (glissement sur les cordes) et cluster
(bloc de notes agglomérées comprenant toutes les hauteurs de
notes entre 2 limites)
Gémissements, plaintes
Effets de crescendo et decrescendo
Vrombissements dans le grave des violoncelles et contrebasses.
Enfin, SILENCE.
Horreur, souffrance, avions, le néant, la mort















 

 

source : http://epreuvehistoiredesarts.blogspot.com/2012/02/threne-la-memoire-des-victimes.html

 

Comment le compositeur   crée-t-il la musique pour dénoncer la guerre?

Avant toutes choses, il convient d'apprendre un vocabulaire nous permettant de décrire la musique.

VOCABULAIRE

Les modes de jeu:

Les modes de jeu sont des techniques instrumentales spécifiques (manières de jouer l'instrument) qui ont été créées afin d'enrichir les capacités de timbre des instruments de musique.

Exemples de modes de jeu:

Glissando: (signifie glisser en italien)

Mode de jeu qui consiste dans l'élévation ou l'abaissement de la hauteur d'un son, obtenu de différentes manières selon les instruments. Exemple: sirènes, glissé du doigt sur le manche du violon.

Col Legno: 

Pour un instrument à cordes frottées, indique que le musicien doit frapper les cordes avec le bois de l'archet et non le jouer avec les crins.

Pizzicato: 

Consiste à pincer les cordes avec les doigts de la main droite au lieu d'utiliser l'archet.

Dissonance: (contraire de consonance)

On parle de dissonance lorsqu'un ensemble de sons joués ensembles amène une impression d'instabilité, de tension, de contrariété. L'auditeur attend généralement que la dissonance soit résolue, par un ensemble de sons consonant (agréables à entendre, équilibrés).

Cluster: (signifie grappe en anglais)

Un cluster en musique est un bon exemple de son dissonant. C'est une "grappe", un "paquet" de sons voisins joués ensembles simultanément. Au piano, on peut jouer un cluster en posant la main entière sur le clavier.

Gamme chromatique:

Il s'agit d'une gamme, suite de notes, qui utilise les 12 sons de l'échelle des notes. Sur le clavier d'un piano, il s'agit d'utiliser toutes les notes, noires et blanches, pour créer la musique. 

La plupart des musiques que l'on écoute utilise une gamme diatonique ( do, ré, mi, fa, sol, la, si, do), soit seulement 7 notes.

Atonal: (par opposition à tonal)

On parle de musique atonale lorsqu'elle est construite sur la gamme chromatique. 

La musique tonale est la musique la plus répandue. Elle utilise la gamme diatonique ( à 7 sons) et est caractérisée par le fait de reposer sur certaines notes pour créer des tensions et des détentes.

La musique atonale, elle, cherche à privilégier les dissonances et s'oppose au système tonal de la musique classique.

Analyse

Consigne

Sur une demie feuille A4, en écoutant attentivement l'extrait, fait une analyse de l'oeuvre en répondant aux questions ci-dessous et en utilisant les éléments donnés dans le cours.

1 - Informations générales:

Oeuvre: Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima de Penderecki - 1961

C. historique: Seize ans après le bombardement de Hiroshima et Nagasaki ayant marqué les esprits et la fin de la guerre.

C. géographique: en Pologne

Genre: musique instrumentale, musique de mémoire

2 - Quelle famille instrumentale et quels instruments utilise le compositeur?
Le compositeur utilise la famille des cordes frottées, et plus précisément les violons, alto, violoncelles et contrebasses.

En déduire la formation.
La formation: il s'agit d'un orchestre à cordes qui comprend 52 instruments (24 violons, 10 alto, 10 violoncelles et 8 contrebasses).

3 - Quel est le caractère de l'oeuvre? plusieurs mots sont possibles
Le caractère de l'oeuvre:

Violent, angoissant, terrifiant, agressif, puissant, affolant, brutal, dissonant

4 - Quel est le tempo de l'oeuvre? Est-ce un temps pulsé ou un temps lisse?
Il est impossible de percevoir une pulsation ni un tempo dans cette oeuvre. On parle de temps lisse.

5 - Quelles sont les nuances utilisées dans l'oeuvre? Sont-elles plutôt linéaires ou contrastées?
On retrouve différentes nuances dans l'oeuvre, de fortissimo (très fort) au début à pianissimo (très doux) dès la seconde partie. Les nuances sont donc contrastées.


source : https://a-contre-courant.wixsite.com/musicarraire/sequence-2-2

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