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FREUD et la paranoïa : "Psychopathologie de la vie quotidienne" (1901)

Publié le 14 Novembre 2019, 21:11pm

Catégories : #Philo (textes - corrigés)

FREUD et la paranoïa : "Psychopathologie de la vie quotidienne" (1901)

La paranoïa [a1]

« Les paranoïaques [a2] présentent dans leur attitude ce trait frappant et généralement connu, qu’ils attachent la plus grande importance aux détails les plus insignifiants [a3], échappant généralement aux hommes normaux, qu’ils observent dans la conduite des autres ; ils interprètent ces détails et en tirent des conclusions d’une vaste portée. Le dernier paranoïaque que j’ai vu, par exemple, a conclu à l’existence d’un complot dans son entourage, car lors de son départ de la gare des gens ont fait un certain mouvement de la main. Un autre a noté la manière dont les gens marchent dans la rue, font des moulinets avec leur canne, etc [a4]. Alors que l’homme normal admet une catégorie d’actes accidentels [a5] n’ayant pas besoin de motivation, catégorie dans laquelle il range une partie de ses propres manifestations psychiques et actes manqués[1], le paranoïaque refuse aux manifestations psychiques [2] d’autrui tout élément accidentel [a6] . Tout ce qu’il observe sur les autres est significatif, donc susceptible d’interprétation [a7]. D’où lui vient cette manière de voir ? [a8] Ici, comme dans beaucoup d’autres cas analogues, il projette [a9] probablement dans la vie psychique d’autrui ce qui existe dans sa propre vie à l’état inconscient. Tant de choses se pressent dans la conscience du paranoïaque qui, chez l’homme normal et chez le névrosé [3], n’existent que dans l’inconscient, où leur présence est révélée par la psychanalyse [a10] ! Sur ce point, le paranoïaque a donc, dans une certaine mesure, raison : il voit quelque chose qui échappe à l’homme normal, sa vision est plus pénétrante que celle de la pensée normale ; mais [a11] ce qui enlève à sa connaissance toute valeur, c’est l’extension à d’autres de l’état de choses qui n’est réel [a12] qu’en ce qui le concerne lui-même. »

Sigmund Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, trad. Jankélévitch (1901).

 

Travail d’analyse – à réaliser :

1. Préalable dit d’étude étymologique – Sens-Valeur-Portée – des termes et notions :

Numéroter les lignes (1, 5, 10, 15, 20) ;
Définir les termes et notions principaux – sens donné : normal, normalité, paranoïa -que, psychique,accidentel, conscient, autrui, psychanalyse, projeter, valeur, réel, etc. ;
Déterminer la négation (antonymes et contraires) de termes : normal, normalité et pathologique, handicap, conscience et inconscience ; le réel, la réalité, et le métaphysique, qui dépend de la subjectivité, car produit par la pensée ;
De quelle connaissance est-il question (ligne 17) ; Qu’est-ce que la psychanalyse ?
 

2. Le plan de l’explication et le découpage du texte, en parties successives et linéaires :

R1 : Formuler la thèse de l’auteur et, en fonction du thème, trouver l’objectif de l’auteur ;
R2 : Remise en cause de la thèse (doute) et définir le problème et l’enjeu  sous-jacents    ;
R3 : Reprendre le problème posé et formuler quelle solution donne l’auteur pour le résoudre.
Exemple : d'analyse-explication de R1, R2, R3.

 

1. Définitions mots clefs
2. Analyse/explication
3. R1, R2 et R3
 
R1 Thèmatique et Thèse :
a. le thème : L'interprétation freudienne de la paranoïa. C'est-à-dire de ce qui, pour Freud, ressort de la "normalité".
Et donc l'interprétation par les gens dits "normaux" de l'affection (le pathos, en grec) selon laquelle les "paranoïaques" voient et interprètent des signes "insignifiants" pour les autres et en sont alors affectés. Cela rend leur vie difficile et ils en souffrent. Par exemple, le sentiment de faire mal les choses ; ou alors d'être épiés, plus ou moins en permanence ; ou encore d'être la cause ou à l'origine de problèmes chez les autres et chez eux, etc. Mais cette cette affection tient aussi au fait que les gens dits "normaux" ne ressentent pas les choses de la même façon que les paranoïaques ; ces derniers sont alors atteint d'une pathologie qui les rend extrêmement sensibles et vulnérables à leurs propres fantasmes ; il sont, en tout cas, beaucoup plus sensibles que les gens "normaux" du fait de cette pathologie...
b.  Piste d'illustration : Ainsi, comme le disait le chirurgien René Leriche, dans sa formule, datée de 1936, « la santé c’est le silence des organes »
c. La thèse : Selon l'auteur, (ligne 15 et 16), le patient atteint de paranoïa voit, ressent, perçoit, etc., mieux que la "norme". Autrement dit, Freud exprime l'idée selon laquelle "ce que voit le "paranoïaque" échappe à l'homme normal, sa vision est plus pénétrante que celle de la pensée normale.".
 
R2 Mais la valeur de la perception/interprétation du paranoïaque est alors dévalorisée par les autres ; c'est-à-dire, les gens "normaux", pour qui seul compte leur propre entendement. Autrement dit, seule leur perception est la norme !
 
Problématique (possible) : Quelle attitude adopter face à la paranoïa ? 
 
R3 Deux temps successifs : par la connaissance (théorique) de la vérité expérimentale (empirique, càd de l'expérience).
a. Selon la psychopathologie, et Freud avec la psychanalyse, la connaissance seule de la pathologie et du patient permet de comprendre : le réalité.
b. Le psychothérapeute peut, à travers la "connaissance de l'inconscient", soigner le patient.
 

notes :
[1] L’acte manqué semble accidentel et involontaire du point de vue du sujet conscient ; mais en réalité, il est révélateur d’un désir inconscient, alors inavouable, voire inavoué du sujet lui-même.

[2] Est psychique ce qui est relatif à la vie de l’esprit.

[3] Le névrosé (cf. définition) est une personne atteinte de trouble psychique, sans origine corporelle mais un fondement inconscient : la psychopathologie.

 [a1]Psychopathologie

 [a2]C’est le thème du texte.

 [a3]Dans cette thématique, Freud constate une caractéristique  notable chez le paranoïaque : interprétations délirantes à partir de signes dans l’attitude d’autrui ; de détails qui prennent alors la forme de délire de persécution, de grandeur, de jalousie, etc. L’auteur définissant ainsi la paranoïa.

 [a4]L’auteur illustre son idée par des exemples.

 [a5]Est accidentel, ce qui est variable et donc contingent. C’est ce qui s’oppose à l’essence et à l’essentiel. Ainsi, l’accident échappe à sa nature, à son essence, mais sans pour autant la modifier.

 [a6]C’est, en creux, ici l’affirmation de la thèse de l’auteur ! Autrement dit, qu’on peut reformuler ainsi : Pour la pathologie paranoïaque – lorsqu’il est question d’interprétations délirantes de ses attitudes – Freud affirme l’idée selon laquelle le paranoïaque croit voir et ressentir la vraie nature d’autrui, en fonction des signes interprétés comme étant manifestement sa nature profonde !

 [a7]Ainsi, on pourrait illustrer ceci par l’exemple d’un animal sauvage qui, interprétant  alors un signe – celui d’un regard, ou d’un geste –,  déciderait soit de fuir, soit d’attaquer...

 [a8]Freud se questionne lui-même, ici, pour se permettre de répondre et donc de mieux affirmer sa thèse...

 [a9]Mécanisme de défense qui consiste à localiser chez autrui, de manière inconsciente, et pour s'en protéger, des idées, des affects perçus comme un danger par le moi.

 [a10]Théorie générale psychologique fondée sur la méthode d'investigation et la méthode thérapeutique, qui veut expliquer les fonctions psychiques et le comportement normal et pathologique de la personnalité.

 [a11]connecteur logique

 [a12]Est, par conséquent, RÉEL, exclusivement ce qui n’est pas le produit de la pensée ; mais bien ce qui est autonome et existe, alors, en dehors de la pensée. L’arbre, mais aussi le fait, et ce avant que la chose soit perçue et interprétée par l’esprit et la conscience...


source :

http://philosophia82.over-blog.com/2017/10/analyse-et-explication-d-un-texte-1-par-l-exemple-analyse-complete-d-un-texte-de-freud.html

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