En 1972, sur son album culte 'Transformer', Lou Reed signe "A Walk On The Wild Side", hommage à tous les personnages marginaux qui peuplent la Factory d'Andy Warhol : Holly, Candy, Little Joe, Sugar Plum Fairy, Jackie... Des prostitué·e·s, des travesti·e·s, des drogué·e·s. Grâce à lui, la marge rejoint le hit-parade.
"A Walk On The Wild Side" s'ouvre par une douceur qui, de prime abord, rassure. L'ambiance est moelleuse et feutrée. On pourrait croire que l'on est dans un club de jazz, plutôt que dans une cave où des dépravés jouent du rock & roll. C’est dans ce décor chic et raffiné que Lou Reed évoque travesti·e·s, drogué·e·s, prostitué·e·s.
Même si l'on chante en yaourt et que l’on ne s’intéresse pas à ce que racontent les couplets, tout le monde a néanmoins fredonné ce refrain :
Hey Babe! Take a walk on the wild side.
Cette phrase pourrait se traduire par « Sors donc des sentiers battus ! », aussi bien que par « Tu montes, chéri ? ». Dans l’histoire du rock & roll, Lou Reed est le premier à décrire un monde interlope avec une ambition littéraire et poétique. Avant lui, cela n’existait qu’en littérature. D’ailleurs,A Walk On The Wild Side est aussi le titre d’un roman de Nelson Algren qui raconte l’Amérique des bas-fonds. (Son titre français est La Rue chaude.) À cette Amérique-là, Lou Reed offre une rigueur littéraire en chanson.
Chaque couplet de ce tube commence par un prénom : Holly, Candy ou Jackie. Des travesti·e·s, dont il trace le portrait en quatre vers seulement. Holly est un homme qui se rase les jambes pour devenir une femme. Après un shoot, Jackie se prend pour James Dean et absorbe du Valium pour adoucir la descente. Au milieu de ces ces couplets, on retrouve une onomatopée, un « toudoudou » innocent qui vous berce, relayé par un chœur de femmes noires.
En 1972, Lou Reed était sûr que "A Walk On The Wild Side" serait censurée. En réalité, elle n’a pas fait polémique. Il n'est pas sûr qu’il en serait de même si elle était publiée en 2018. À l’époque, Lou Reed porte un rouge à lèvres noir, des ongles peints de la même couleur et les yeux maquillés pareillement. Sa dégaine inspirera l’acteur principal du film The Rocky Horror Picture Show. A l’écoute de "A Walk On The Wild Side", il faut se figurer Lou Reed déhanché, bottes compensées aux pieds et poing sur la hanche.
On peut également s'attarder sur sa voix, entre parler et chanter. Sans sourire. Une façon qui détonait en pleine époque hippie, quand la pop n’était qu’euphorie.
"A Walk On The Wild Side" figure sur Transformer, un album devenu culte, produit et arrangé par deux Anglais : David Bowie et le guitariste Mick Ronson.
source :
https://www.franceinter.fr/emissions/pop-co/pop-co-22-juin-2018
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À propos de Candy Darling : “Elle ne perd jamais la tête même quand elle vous taille une pipe.” Oh ! La surprise quand j’ai découvert pour la première fois la traduction de l’une des chansons les plus célèbres de Lou Reed, Walk On The Wild Side.
À vrai dire, je connaissais mal le personnage aussi. Sorti en 1972 sur l’album Transformer, le second album solo de Lou depuis la séparation du Velvet Underground, la séance d’électrochocs subie alors qu’il était encore adolescent avait déjà fait son boulot. L’âme torturée de Lou Reed révélait toute sa noirceur et son cerveau (qui s’en tire sans trop de séquelles) livrait alors tout son génie malsain à travers cette musique rock qu’il apprécie tant.
Impossible d’imaginer il y a quelques mois encore, qu’à travers ce duo basse/contrebasse aussi pure et limpide, cette voix tranquille et douce, ce solo de sax et bien sûr, ces choeurs qui à eux seuls plongent le morceau dans un des meilleurs trips que le rock ait connu ; impossible d’imaginer qu’à travers cette musique rentrée dans l’inconscient collectif, viendrait se nicher des propos aussi osés qu’impertinents.
Et là, (honte à moi) je venais de m’apercevoir que je passais depuis plusieurs années à côté de l’une des personnalités les plus influentes du rock contemporain (et pourtant j’ai Berlin à la maison). Un peu comme lorsque l’on croise un SDF dans la rue. On y prête attention quelques secondes et la seconde d’après, hop, on l’oublie. J’écoutais Lou Reed sans l’entendre.
Et c’est Walk On The Wild Side qui m’a amené à découvrir Lou Reed et la joyeuse troupe de la Factory warholienne qu’il fréquentait. Cet atelier où répétait le Velvet lorsque Warhol lui-même les produisait à l’époque. Dans cette chanson, le poète nous offre sa vision de Holly Woodlawn, Candy Darling, Joe Dallesandro et les autres (pour la plupart transexuels) qui ont fait la renommée de la Factory. Une galerie de portraits où se mêlent déchéance humaine, prostitution, drogue et où chaque personnage suit un itinéraire, où la destination n’est pas plus une finalité en soi que le voyage lui-même.
Cette chanson en dit long sur lui, son homosexualité mais aussi sur l’Amérique des 70’s et surtout New York. Lou Reed nous invite à “faire un tour du côté sauvage” (en français dans le texte), de se lâcher en se faisant l’avocat du diable d’une Amérique décadente. Il raconte ces paumés, ces loosers devenus superstars, les mettant sur le devant de la scène avec une déconvenue et légèreté presque ironique.J’ai été impressionné par les paroles et, en écoutant à nouveau Walk On The Wild Side après m’être intéressé un peu plus à l’oeuvre de l’artiste, j’ai réalisé ce qu’il représentait aux yeux du monde et pour certains.
Avec ce titre, il a réussi sans se trahir, à produire un vrai succès commercial (un des seuls d’ailleurs) et influencer ainsi The Doors, David Bowie (qui a produit Transformer d’ailleurs) et donner naissance 20 ans plus tard à des groupes comme Nirvana.
Doo, Doo doo, Doo Doo-Doo Doo Doo…
source : https://www.desinvolt.fr/2010/09/01/512-lou-reed-walk-on-the-wild-side/
Lou Reed - Walk on The Wild Side
Holly came from miami f.l.a.
Hitch-hiked her way across the u.s.a.
Plucked her eyebrows on the way
Shaved her leg and then he was a she
She says, hey babe, take a walk on the wild side
Said, hey honey, take a walk on the wild side
Candy came from out on the island
In the backroom she was everybodys darling
But she never lost her head
Even when she was given head
She says, hey babe, take a walk on the wild side
Said, hey babe, take a walk on the wild side
And the coloured girls go
Doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo
Doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo
Doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo
Doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo
(doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo)
(doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo)
(doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo)
(doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo)
(doo)
Little joe never once gave it away
Everybody had to pay and pay
A hustle here and a hustle there
New york city is the place where they said
Hey babe, take a walk on the wild side
I said hey joe, take a walk on the wild side
Sugar plum fairy came and hit the streets
Lookin for soul food and a place to eat
Went to the apollo
You should have seen him go go go
They said, hey sugar, take a walk on the wild side
I said, hey babe, take a walk on the wild side
All right, huh
Jackie is just speeding away
Thought she was james dean for a day
Then I guess she had to crash
Valium would have helped that dash
She said, hey babe, take a walk on the wild side
I said, hey honey, take a walk on the wild side
And the coloured girls say
Doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo
Doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo
Doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo
Doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo
(doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo)
(doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo)
(doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo)
(doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo)
(doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo)
(doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo)
(doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo)
(doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo, doo)
(doo)
Holly venait de Miami en Floride
Il fit du stop à travers les USA
Epila ses sourcils en chemin
Rasa ses jambes et alors il devint elle
Elle dit hey babe viens faire une passe trans
Hey chérie viens faire une passe trans
Candy venait elle de Manhattan
Dans les backrooms elle se donnait à tous
Mais elle n'a jamais perdu la tête
Même quand elle faisait des pipes
Dit hey babe viens faire une passe trans
Hey chérie viens faire une passe trans
Et les call-girls font : doo, doo, doo, doo....
Little Joe ne baisait jamais gratis
Tout le monde devait banquer encore et toujours
Un coup par ici, une passe par là
New York City c'est l'endroit cool disent-ils
Hey babe viens faire une passe trans
Hey chérie viens faire une passe trans
Sugar Plum Fairy vint et fit le trottoir
Cherchant de la soul food et un endroit où manger
Il alla au club Apollo
T'aurais du les voir se donner à fond
Ils disaient hey babe viens faire une passe trans
Hey chérie viens faire une passe trans
Jackie elle s'évade par les amphètes
S’est prise pour James Dean une journée
Puis faut croire qu'elle a fait une descente
Le valium a dû l’aider dans ce bad trip
Dit hey babe viens faire une passe trans
Hey chérie viens faire une passe trans
Et les call-girls font : doo, doo, doo, doo....
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