Ella Fitzerald & Louis Armstrong, "Cheek to Cheek" (1956)
Cheek to Cheek / Joue Contre Joue
Heaven, I'm in Heaven,
Le paradis, je suis au paradis,
And my heart beats so that I can hardly speak ;
Et mon cœur bat si fort que j'ai du mal à parler
And I seem to find the happiness I seek
Et il semble que j'ai trouvé le bonheur que je cherchais
When we're out together dancing, cheek to cheek.
Quand nous sommes ensemble dehors, dansant joue contre joue.
Heaven, I'm in Heaven,
Le paradis, je suis au paradis,
And the cares that hang around me through the week
Et les soucis qui flottent autour de moi pendant la semaine
Seem to vanish like a gambler's lucky streak
Semblent disparaître comme le moment chanceux d'un joueur
When we're out together dancing, cheek to cheek.
Quand nous sommes ensemble, dansant joue contre joue.
Oh ! I love to climb a mountain,
Oh ! J'aime gravir une montagne
And to reach the highest peak,
Et atteindre le plus haut sommet
But it doesn't thrill me half as much
Mais ça me procure la moitié des frissons que je ressens
As dancing cheek to cheek.
Quand nous dansons joue contre joue
Oh ! I love to go out fishing
Oh ! J'aime aller pêcher
In a river or a creek,
Dans une rivière ou une crique
But I don't enjoy it half as much
Mais cette joie est la moitié de celle que j'aie
As dancing cheek to cheek.
Quand nous dansons joue contre joue
Dance with me
Danse avec moi
I want my arm about you ;
Je veux mes bras prés de toi
The charm about you
Ton charme
Will carry me through to Heaven
Me conduira au paradis
I'm in Heaven,
Le paradis, je suis au paradis,
And my heart beats so that I can hardly speak ;
Et mon coeur bats si fort que j'ai du mal à parler,
And I seem to find the happiness I seek
Et je sens que j'ai trouvé le bonheur que je cherchais
When we're out together dancing cheek to cheek
Quand nous sommes ensemble dehors, dansant joue contre joue
Nous nous intéressons aujourd'hui à une chanson que vous avez peut-être déjà entendu dans le film "Le danseur du dessus" sorti en 1935 ou bien dans l'un des nombreux autres films qui ont repris un passage spécifique du film, une scène dans laquelle Fred Astaire et Ginger Rogers dansent sur une sublime chanson qui fut reprise un nombre incalculable de fois.
Version originale, par Fred Astaire (1935).
J'ai vu "Le danseur du dessus" ("Top hat") il y a quelques années déjà et si mes souvenirs sont trop flous pour en faire une critique détaillée sur le site (mais c'est prévu), je me souviens surtout de cette exquise chanson chantée par Fred Astaire à l'oreille de Ginger Rogers lors d'une danse mémorable. Composée spécialement pour le film par Irving Berlin, le maitre incontesté des chansons de films de l'époque, "Cheek to cheek" fut nommée pour l'Oscar de la meilleure chanson originale mais ne l'obtint finalement pas. Il fallait vraiment que l'autre soit sensationnel pour surpasser ce titre.
Si la chanson vous dit quelque chose sans avoir vu le film en question, cet extrait fut repris tel quel dans "La ligne verte", le premier (et seul) film que verra John Cofee.
Version d'Ella Fitzgerald, entendue dans "Le patient anglais" (1956).
Vous avez peut-être aussi entendu cette chanson, interprétée par Ella Fitzgerald dans "Le patient anglais" sorti en 1995 (c'est aussi un manque impardonnable sur le site donc on va s'y mettre).
Version de Chris Boardman, entendue dans "Rencontre avec Joe Black" (1998).
Cette chanson apparait également sous forme instrumentale dans l'excellent "Rencontre avec Joe Black" avec Brad Pitt et Claire Forlani, en compagnie d'autres chansons de l'âge d'or américain. Forcément moins réussie, elle n'en demeure pas moins une curiosité.
Les autres versions.
Cette chanson ayant été reprise par une centaine de chanteurs talentueux, je ne vais pas me lancer dans une liste complète mais juste vous présenter quelques versions que j'affectionne tout particulièrement.
Je commence avec une version rare d'Eva Cassidy, cette chanteuse à la voix merveilleuse disparue à l'âge de 33 ans à la fin des années 90 en nous laissant des reprises et quelques compositions originales. On a pu entendre ses chansons dans "Love actually" et "Coup de foudre à Manhattan" mais aussi dans des séries télé comme "Dawson" notamment.
Une autre version est celle des Soeurs Boswell, un girls band avant l'heure de trois soeurs américaines qui chantèrent aussi leur version de "Cheek to cheek". Leurs voix sont intemporelles.
Ella Fitzgerald a chanté ce morceau seule mais aussi en duo avec Louis Armstrong en 1956 et tout de suite, la voix rieuse d'Armstrong en est son parfait contrepoint. Un classique.
Autre époque, autre monstre sacré de la musique avec Frank Sinatra qui y va aussi de son interprétation de "Cheek to Cheek". Superbe.
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Cheek to Cheek est une chanson composée par Irving Berlin en 19351 pour le duo Fred Astaire/Ginger Rogers du film Le Danseur du dessus (1935)2.
Elle a été reprise au milieu d'autres compositions d'Irving Berlin dans le film On the Avenue de Roy del Ruth en 1937.
En 1985, la chanson, toujours dans la version chantée par Fred Astaire, est jouée pendant le générique d'ouverture et, de nouveau, à la fin du film La Rose pourpre du Caire3 de Woody Allen.
Cette chanson est ajoutée à la bande originale du film Le Patient anglais (1996) de Anthony Minghella et apparaît aussi dans La Ligne verte4 (1999) de Frank Darabont.
En 2004, elle est classée 15e au classement AFI's 100 Years... 100 Songs des plus grandes chansons du cinéma américain selon l'American Film Institute (AFI).
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Chanter avec son idole Louis Armstrong, c’était le rêve de la petite Ella Fitzgerald, depuis qu’elle avait commencé la musique dans l’église de son quartier. Son talent et sa détermination lui ont permis de le réaliser, et plus d’une fois ! Fascinée par la technique du scat créée par son mentor en 1926, et dans laquelle le chant s’improvise sur des onomatopées, Ella Fitzgerald l’a portée à son plus haut degré de finesse et d’agilité. Il faut dire qu’avec une voix couvrant trois octaves, elle n’avait rien à envier aux plus grandes chanteuses d’opéra… Si sa technique époustouflante s’est encore améliorée durant sa longue carrière, sa voix a toujours su garder la clarté et la sincérité des premiers enregistrements. Découvrez l’histoire et la musique de cette Grande Dame du Jazz, qui a su émouvoir et fasciner son public durant des décennies entières, et encore aujourd’hu
Jeunesse et influences
Née en 1917 dans une famille modeste, Ella Fitzgerald était une étudiante exemplaire qui s’intéressait vivement à la danse depuis son plus jeune âge. L’église méthodiste locale a joué un rôle important dans ses premières années en lui fournissant les toutes premières occasions de faire de la musique. Après le décès de sa mère dans un accident de voiture en 1932, elle déménage à Harlem pour vivre avec sa tante et commence à chanter dans la rue pour gagner de l’argent. Elle est “découverte” en 1934, lors d’un concours de talents organisé au théâtre Apollo de Harlem. A cette période déjà, Fitzgerald avait l’habitude d’écouter des disques de Louis Armstrong, Bing Crosby et des Boswell Sisters : il furent tous d’une grande influence sur son travail. Elle idolâtrait Connee Boswell, et essayait d’ailleurs de l’imiter dans le concours de talents qui a lancé sa carrière. Cependant, son influence la plus profonde a peut-être été Armstrong, dont les prestations joyeuses et joviales ont aussi servi de modèle à sa personnalité de chanteuse. L’un de ses vieux amis se rappelle d’ailleurs Ella en train d’essayer de copier, dès 1929, la chanson d’Armstrong “Ain’t misbehaving” pour développer son phrasé, son interprétation et son sens du tempo.
Ella et le Bebop
Bien qu’Ella Fitzgerald ait commencé sa carrière à l’époque du swing, le nouveau développement du jazz au cours des années 1940 fut à l’origine de changements dans son style de chant, contribuant à la création de ce que beaucoup qualifieraient de ses meilleurs enregistrements. En effet, Ella commence à chanter avec le big band de Dizzy Gillespie en 1946, et assimile rapidement le langage bebop de Gillespie et ses collaborateurs. Elle se met à emprunter des phrases mélodiques entendues dans les solos de Dizzy pour les utiliser comme base pour sa propre improvisation. Ainsi, bien que Louis Armstrong ait été le premier à improviser avec sa voix, Ella fut la première à s’inspirer du Bebop pour en affiner sa technique d’improvisation, en utilisant des mélodies plus complexes et plus sophistiquées. Elle déclarait d’ailleurs : “J’essayais simplement de faire [avec ma voix] ce que j’avais entendu chez les musiciens”. L’un de ses meilleurs enregistrements de cette époque, “Oh, Lady Be Good!” affiche un son clair comme du cristal, ainsi qu’un phrasé et une capacité impressionnantes à improviser sur des accords rapides.
Ella et Norman Granz
Lorsque Fitzgerald a été présentée au producteur et réalisateur de renom Norman Granz, celui-ci a immédiatement perçu son talent et l’a invitée à participer au projet “Jazz at the Philharmonic” aux côtés de Louis Armstrong et d’autres personnalités célèbres. C’est ainsi qu’un partenariat professionnel long et fructueux a été initié, Ella s’engageant dans une série de sessions d’enregistrement très appréciés qui deviendront sa série de « recueil de chansons ». Elle a enregistré ses propres versions des albums d’autres musiciens, notamment ceux de Cole Porter, des Gershwin Brothers et de Duke Ellington. « Ella Fitzgerald sings the Duke Ellington Song Book », sorti de 1957, est un album fort dans sa carrière : elle s’y met en scène interprétant les chansons d’Ellington aux côtés de Duke lui-même et de son orchestre. En tant que manager, Granz a aussi soutenu Ella dans la lutte contre la discrimination lors de ses tournées aux États-Unis. Lors de la tournée Jazz at the Philharmonic, Granz a ciblé des lieux ségrégés, obligeant les promoteurs à veiller à ce que leurs publics ne soient pas séparés. Il a également veillé à ce que Fitzgerald reçoive le même salaire et le même hébergement que ses collègues musiciens. Grâce à son rôle dans l’élimination des barrières raciales, Fitzgerald a reçu le prix du Black Achievement Award américain.
La personnalité derrière la voix
Ella Fitzgerald était notoirement timide en dehors de la scène et auprès de ceux qu’elle ne connaissait pas. Elle était consciente de son apparence et doutait même parfois de ses capacités de chanteuse. Le trompettiste Mario Bauza, qui jouait avec elle dans le groupe de Chick Webb, a néanmoins expliqué à quel point elle se dédiait à la musique lorsqu’elle était sur scène, et “mettait de côté tous ses doutes, juste pour le concert “. Elle se sentait chez elle sous les feux de la rampe, déclarant qu’ “une fois sur place, j’ai ressenti l’acceptation et l’amour de mon public.”
Plus tard, elle décide d’embrasser la vie du showbiz, apparaissant même dans des rôles de droguée dans plusieurs films et émissions de télévision à partir des années 1950.
Sa carrière professionnelle prolifique a eu une incidence négative sur ses relations personnelles, entraînant deux mariages ratés et une relation tendue avec son fils unique, Ray junior. Elle a ensuite souffert de diabète, ce qui lui a partiellement fait perdre la vue. À sa mort en 1996, elle avait enregistré plus de 200 albums.
Les enregistrements
Depuis ses premiers succès dans les années 1930 jusqu’à ses derniers enregistrements dans les années 1980 et 90, Fitzgerald a interprété ses chansons avec une innocence presque enfantine. Par exemple, elle a retravaillé l’ancienne comptine ’A Tisket, A Tasket’ pour l’interpréter avec l’orchestre de Chick Webb en 1938. Son interprétation sage et naïve de la mélodie est une vraie performance. Elle ne chantait pas comme Billie Holliday ou Bessie Smith, dont les voix graves et blues conféraient une sorte de sagesse ancienne à leur musique : mais son ton clair, son intonation parfaite et la force de son phrasé donnaient à ses performances une présence et une maturité immenses. Elle a aussi enregistré des versions de nombreux standards de jazz qui, aujourd’hui encore, servent de référence et de guides pour les artistes en devenir. Elle a souvent chanté avec de grands ensembles et orchestres, mais était également à l’aise dans des contextes plus intimes : elle a d’ailleurs publié plusieurs albums en duo avec le guitariste Joe Pass, acclamés par la critique et le public.
Recommandations d’albums
– “Ella Fitzgerald sings the Duke Ellington Songbook” (1957) à ne pas manquer en raison de la combinaison stellaire d’Ella et de Duke. Ella a également reçu un Grammy Award pour la meilleure performance de jazz pour cet album.
– Ella Fitzgerald et Louis Armstrong est un autre collaboration célèbre de l’histoire du jazz. Les deux artistes ont enregistré trois albums ensemble: “Ella and Louis”, “Ella and Louis Again” et “Porgy and Bess”. L’incroyable Oscar Peterson Quartet accompagne les deux superstars du jazz avec une solide section rythmique.
source : https://collaboration.vialma.com/jazz/ella-fitzgerald/?lang=fr
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