I can't stand the rain
Against my window
Bringing back sweet memories
Hey, window pane
Do you remember
How sweet it used to be
When we was together
Everything was so grand
Now that we've parted
There's just one sound
That I just can't stand
I can't stand the rain
Against my window
Bringing back sweet memories
I can't stand the rain
Against my window
'Cause he's not here with me
Alone with the pillow
Where his head used to lay
I know you've got
Some sweet memories
But like the window
You ain't got nothing to say
I can't stand the rain
Against my window
Bringing back sweet memories
I can't stand the rain
Against my window
Just keeps on haunting me
Hey, rain
Get off my window...
A
{Je ne supporte plus la pluie...}
[Refrain] :
Je ne supporte plus la pluie
Contre ma fenêtre
Elle me rappelle trop de souvenirs
Je ne supporte plus la pluie
Contre ma fenêtre
Car il n'est pas ici avec moi.
Ho , quelle douleur pour moi , (le bruit de la pluie sur)
cette fenêtre
Dis-moi, te rappelles-tu
Comme nous étions bien avant....
Lorsque nous étions ensemble
Tout était si grand
Maintenant que tu es parti
Il ne reste que le bruit (de la pluie)
Que je ne peux plus supporter
[Refrain]
Ho , ho pluie
Quitte ma fenêtre
Car il n'est plus ici avec moi
(Et maintenant) Je ne supporte plus la pluie
(Qui coule) contre ma fenêtre
Elle me rappelle trop de souvenirs
"I can't stand the rain", l'une des plus belles chansons sur le temps qu'il fait et le temps qui passe.
A Memphis, un soir de 73, La chanteuse Ann Peebles et son compagnon, lui-même auteur-compositeur, s'apprêtent à sortir pour écouter un concert. Mais le ciel se déchire. « Je ne supporte pas la pluie, I can't stand the rain », lâche la jeune femme. La formule est accrocheuse : plus question d'aller nulle part.
En attendant que l'orage passe, les partenaires se lancent dans l'écriture d'un titre ô combien mélancolique, tout le contraire de « chantons sous la pluie » en quelque sorte. « Je ne supporte pas la pluie sur ma fenêtre, cela me rappelle tellement de doux souvenirs, quand nous étions ensemble. » Le morceau est écrit dans la foulée, le couple manque son concert, mais prend rendez-vous au studio... le Royal Studio de Menphis.
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Nous sommes maintenant en 1974, Ann PEEBLES enregistre son quatrième album. Comme le veut l’adage, on ne change pas une équipe qui gagne. On a donc le droit encore une fois aux musiciens attitrés du label Hi Records (une sacrée bande de virtuoses rompus au groove de Memphis), à Willie Mitchell pour les arrangements et à la production sans oublier une équipe de songwriters qui s’est quelque peu rétrécie. En effet, si Ann PEEBLES se produit toujours sous son nom sur scène et sur disque, elle est devenue à la ville Madame Ann Bryant, l’épouse de Don Bryant. Le couple a composé sept des dix titres de l’album, d’où une impression beaucoup plus intimiste et personnelle.
Même remarque au niveau du répertoire, ce sont principalement des ballades ou des titres typiques de la Memphis Soul auxquels on est confronté. Arrangements aux petits oignons, textes beaucoup plus orientés sur l’amour, la fusion, les déceptions et la solitude et une troupe d’accompagnateurs qui n’a de cesse de placer la voix de la chanteuse sur orbite.
Les ballades sauce Memphis sont encore bien présentes : si « Until You Came Into My Life » paraît ampoulée par la présence d’un orchestre à cordes et des chœurs qui ne s’imposaient pas, avouons que le titre vaut toutefois le détour et nous paraît bien supérieur à la version offerte par Joe Henry trente ans plus tard. Autre ballade « A Love Vibration » gorgée de groove demeure nuancée avec la présence d’un orchestre de cordes et violons. Ce titre sera repris deux ans plus tard par Etta James dans une version dynamique plus spectaculaire mais moins efficace au niveau de l’impact.
Les sonorités caractéristiques du label Hi sont bien palpables sur le groovy « Run, Run, Run » (aucun lien avec le titre homonyme de Lou Reed) rehaussé par l’apparition des cuivres. Même impression avec « If We Can’t Trust Each Other » bercé par une section de cordes et beau message d’espoir. Le rythme languissant de « I’m Gonna Tear Your Playhouse Down », seconde compo d’Earl Randle (excellent songwriter qu’on retrouvera dans le giron de Syl Johnson, Al Green, OV Wright, Koko Taylor), renforce l’émotion et la sentimentalité du morceau.
On ne compte qu’une seule véritable reprise : « (You Keep Me) Hangin’ On ». Prototype de la ballade Country type Bakersfield, le titre a été popularisé par les Gosdin Brothers et sera repris via moult versions toutes plus ennuyeuses et larmoyantes les unes que les autres (Waylon Jennings, Bonnie Owens, Cher), mais le timbre de la chanteuse, une orchestration et des arrangements de folie transforment cette purge en une pépite de Country Soul. L’album se clôt par la ballade « One Way Street » avec une intro de claviers et de flûte, un titre aussi simple qu’apaisant qui finit par happer l’auditeur.
Mais comment évoquer ce disque sans parler de « I Can’t Stand The Rain », titre qui donne son nom à l’album ? Disons-le tout net, ce standard sera le plus gros succès d’Ann PEEBLES. A une époque où la pluie (the rain) devient curieusement la thématique de nombreuses chansons (« Walking The Rain » (The Dramatics), « Walk Out In The Rain » (Badfinger), « Rider In The Rain (Randy Newman), « Crying In The Rain » (The Sweet Inspirations), « Flowers In The Rain » (Nancy Sinatra), « Singin’ In The Rain» (Sammy Davis Jr.), «A Hard Rain’s A Gonna Fall» (Bryan Ferry), « Little Bit Of Rain» (Karen Dalton), «Rainy Night In Georgia» (Ray Charles) )*, Ann PEEBLES transforme la pluie en une tornade. Lors d’une soirée en compagnie de Don Bryant et du disc-jockey Kenneth Bernard Miller, la chanteuse est excédée par les gouttes qui se mettent à tomber brusquement sur la ville de Memphis, pourtant généralement ensoleillée. Elle se met à fredonner quelques phrases sur cette rincée qui contrarie les trois amis, Don Bryant et Miller enchaînent avec une mélodie. La chanson rapidement composée est apportée dès le lendemain à Willie Mitchell. Le producteur arrange aussitôt le titre, il sait qu’il en tient là un capable de se transformer en hit. « I Can’t Stand The Rain » sort d’abord en single couplé à « I’ve Been There Before ». Le single monte à la 6ème place des charts R&B et décroche un excellent 38ème rang au classement Pop. La rythmique des frères Hodges, les gouttelettes d’orgues de Charles Hodges relèvent le timbre intense de la chanteuse et feront de ce titre l’un des plus gros succès du registre Memphis Soul. Pas mal pour une chanson qui nous parle de solitude amoureuse et de flotte.
Au fil du temps, « I Can’t Stand The Rain » connaîtra de multiples reprises. Quelques semaines après la sortie du disque, Humble Pie reprendra le morceau dans l’album « Thunderbox ». Trois ans plus tard, Ronnie Wood, Central Graham Station, Albert King en feront autant avec plus ou moins de réussite. Le titre décrochera une seconde vie durant l’été 77 avec la version Disco d’Eruption, groupe mené par la chanteuse Precious Wilson, la reprise allait alors déferler sur toutes les radios et discothèques de la planète dans une interprétation, certes festive, nettement moins intense que l’originale. Ce gros carton d’Ann PEEBLES sera repris près d’une centaine de fois par de nombreux artistes (Tina Turner, Carmel, Michael Bolton, Susan Tedeshi, Seal, Lowell George, jusqu’au duo Emile et Image) mais aucune de ces reprises ne parviendra à retranscrire l’émotion dramatique transmise par Ann Peebles. Seule Missy Anderssen en 2009 peut s’enorgueillir d’une reprise aussi intense. En 2016, Beverly Knight parvenait à tirer les marrons du feu avec une version plus que correcte. Curieusement, ces deux reprises ne connaîtront presqu’aucun passage sur les ondes radiophoniques.
Ce quatrième album d’Ann PEEBLES reste à ce jour la meilleure contribution de cette frêle chanteuse au timbre facilement identifiable, ou disons le plus connu. Une note de 4, tant pour les textes, les arrangements, les musiciens fidèles tous attitrés au label Hi, les mélodies et une production léchée, nous paraît justifiée. Aujourd’hui encore, Ann Peebles, véritable star de la ville de Memphis à l’instar d’Irma Thomas à la Nouvelle Orleans ou Bettye LaVette dans le Michigan, se produit sur les scènes américaines. Une superbe chanteuse pour un disque somptueux qui allait marquer la fin d’une époque avec l’arrivée de la vague Disco.
*Ces titres font figure d’exemples, les groupes ou chanteurs auxquels ils sont rattachés ne sont pas tous les instigateurs ou créateurs des morceaux. On aurait bien sûr pu en citer une liste plus longue, mais on ne voulait pas risquer de rincer les lecteurs avec des histoires d’eau.
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Ann Peebles fait partie de ces égéries de la soul du Sud, qui doit tout à la ville de Memphis ou presque. Native de Saint-Louis, elle a dès son plus jeune âge la détermination de celles et ceux qui veulent réussir… issue d’une famille nombreuse (10 frères et sœurs !), la jeune Ann va être partie prenante de la réussite de la chorale familiale, la Peebles Choir, à une époque où le Gospel était érigé dans beaucoup de familles afro-américaines en véritable art de vivre.
Adolescente, elle commence à s’émanciper en tournant dans les clubs spécialisés de sa ville natale. Puis elle bouscule le destin, un soir de 1968, lors d’un passage à Memphis où elle assiste avec ses frères à un concert de Gene Miller au Rosewood Club. Elle demande au chef d’orchestre d’interpréter un titre de Jimmy Hughes, elle subjugue par sa voix et sa prestance.
Miller décide alors de la présenter à Willie Mitchell, directeur artistique du label Hi Records, qui voit en elle un diamant brut qu’il pourra façonner grâce à l’équipe qu’il mettra à sa disposition. Au printemps 1969, quelques semaines avant Al Green la future star du label, elle signe son premier 45T « Walk Away » qui lance directement sa carrière sur les radios Soul. Dans la foulée elle enregistre son premier album « This is Ann Peebles » qui sera suivi quelques mois plus tard par deux nouveaux opus : « Straight from the heart » et « Part time love ». Bien que la carrière d’Ann soit lancée et que plusieurs de ses singles atteignent les charts afro-américains, le véritable coup de génie va arriver un soir de 1973. Alors qu’elle s’apprête à aller à un concert avec ses amis et son mari Don Bryant, un des auteurs attitrés de Hi Records, Ann Peebles en voyant la pluie tomber à l’extérieur s’exclame « I can’t stand the rain ». Sa phrase arrive comme un gimmick dans la tête de Don, qui y voit là le début d’une chanson et commence alors à en imaginer la structure en s’installant au piano.
Le lendemain matin il présente le morceau terminé à Willie Mitchell qui a l’idée d’utiliser, un nouvel instrument arrivé au studio : une timbale électrique ! L’introduction du morceau épuré commence par cette timbale et la voix plaintive de Ann sur le premier refrain avant que la rythmique des frères Hodges et les cuivres des Memphis Horns ne viennent donner du relief à l’ensemble. Le titre qui raconte une histoire de solitude amoureuse, par sa structure rythmique hypnotique, presque tribale et son intensité se révèle être un véritable petit bijou Soul, à la fois moderne pour l’époque par les sonorités utilisées et en même temps complètement ancré dans cette tradition de la complainte sentimentale proche du blues. Le public ne s’y trompera pas et permettra au titre d’atteindre la 6ème place des charts R&B et de porter son album qui sortira l’année suivante.
Et quel album ! Servi de long en large par les nappes d’orgues agiles et l’orchestration de la Hi Rhythm Section, les dix titres de l’album d’une durée totale de moins de trente minutes, montrent qu’il n y’a pas besoin d’en faire des tonnes pour écrire un grand classique.
En plus du titre éponyme, l’autre hit de cet album est sûrement, « I’m gonna tear your playhouse down », sorti à la base en single en 1972, avec ses violons et ses cuivres assez significatifs du Royal Studio. Le titre connaîtra à nouveau le succès à la fin des années 70 avec Graham Parker et au début des 80’s avec l’anglais Paul Young, dans des versions il est vrai beaucoup plus pop rock.
Ann Peebles reprend aussi le titre Country Folk « (You keep me) hangin on’ » de The Gosdin Brothers (sorti en 1967) dans une version beaucoup plus Soul. Un titre qu’elle revisite à sa manière et qui donne presque l’impression qu’il a été écrit pour elle. Le morceau « Do I need you » par son allure mid tempo, s’inscrit dans la lignée de « I can’t stand … » et pourrait être presque considéré comme sa suite logique, dans une thématique assez similaire, tout comme « Run, run, run » écrit dans le même esprit. Quant à « Until you came into my life », ses chœurs ont largement inspiré des chanteuses contemporaines comme Alice Russell.
Après ce coup de maître, apogée de la carrière de Ann Peebles, elle continuera jusqu’à la fin des années 70 avant de retomber dans l’anonymat. Elle retournera alors dans sa ville de Saint-Louis pour travailler dans un centre social. Mais on n’oublie jamais une belle voix, et en 1989 Willie Mitchell la rappelle pour travailler avec elle sur un nouvel album « Call me » signé sur son label naissant : Wayo.
Ce projet la relance et lui permet de sortir de nouveaux disques dans années 90 et 2000, tout en continuant à tourner aux USA et en Europe. Aujourd’hui âgée de 70 ans, elle fait partie des grandes dames de la Soul, dont l’héritage a marqué des générations de chanteuses, mais également des producteurs hip hop dont la voix intense et l’orchestration de ses morceaux a fait le bonheur des chercheurs de samples, comme RZA du WuTang Clan par exemple…
Discographie sélective :
1969 : This is Ann Peebles
1971 : Straight from the heart
1971 : Part time love
1974 : I can’t stand the rain
1978 : The Handwriting is on the wall
1989 : Call me
2006 : Brand New Classics (Live)
Biographie :
27 avril 1947 : naissance de Ann Peebles à Saint-Louis
1968 : signature sur Hi Records
1969 : sortie de son 1 er single et 1 er album
1974 : l’album de la consécration : « I can’t stant the rain »
1978 : dernier album chez Hi Records
1979 : arrêt de sa carrière
1989 : retour discographie chez Wayo Records
2006 : dernier album en date, live acoustique
Anecdote :
Le titre phare « I can’t stand the rain » a été repris et samplé des centaines de fois et a connu à chaque décennie, un nouveau succès. En 1977 la version disco du groupe Eruption featuring Precious Wilson se classe tout en haut des charts et devient par la même occasion la version la plus connue du grand public. En 1984 Tina Turner fait un carton en Europe avec son interprétation. En 1997 Missy Eliott sample allègrement le refrain et lance par la même occasion sa carrière. Quant à Seal il propose une version pas vraiment indispensable en 2009 mais qui sera quand même vue sur Youtube
par presque deux millions d’internautes !
Le plus bel hommage vient surement de John Lennon qui voyait dans « I can’t stand… » la quintessence de la Soul, et une de ses chansons préférées. Excusez du peu !
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Encore une face B ? On va croire que c'est une manie. Non, c'est juste que mon single est un reprint de la série Motown Yesteryear. Avec les deux singles sortis par Ann Peebles sur le label Hi en 1973. En A, I can't stand the rain, vrai tube pré-disco, efficace et charmant, rien à dire. De l'autre côté, I'm gonna tear your playhouse down. Signé Earl Randle, un songwriter de Memphis à qui Willie Mitchell, producteur, acheta aussi If we can't trust each other pour la chanteuse. L'album I can't stand the rain vaut d'être écouté en entier. Mais ce Playhouse tiendra toujours pour moi une place à part. La faute à Graham Parker. Par qui j'ai connu la chanson en premier. Il la fait sur Stick to me (1977), puis encore en version live dans le double The Parkerilla, dont la pochette grise au vampire me fascinait. Chez l'Anglais malingre on sent la menace et la paranoïa. Sa voix étranglée est prête à faire subir le même sort à celle qui l'a si légèrement trompé. Son « room by room » annonce l'arrivée de la meute, et en même temps résonne d'un grand désarroi. Quand j'ai entendu l'original par Ann Peebles, je me souviens avoir d'abord été un peu déçu. Où était le tranchant du Parker à lame blanche ? Depuis, non seulement j'ai pris goût au gospel-funk langoureux de Miss Peebles, mais je trouve cette version plus terrible encore sous son soyeux emballage. « You think you've got it all set up… you think you've got the perfect plan… » Elle prend son temps, le groupe est bien calé dans son tempo mitonné aux petits violons, piano électrique deep South, bouffées de trompettes… de la mort ? On n'aimerait pas être à portée des griffes de cette tigresse à peau de satin. « You think love is just fun and games… trying to be a playboy… » Souffler la fille d'à côté n'est pas jouer. Courir après toutes celles du coin finira par te couper la chique. Une main de fer en gant de velours plane au-dessus d'un château de cartes du tendre. Ann Peebles est à jamais cette main.
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