Le libre arbitre existe-t-il ? Cette question paraît à première vue dénuée de sens. Il semble a priori évident que nous sommes dotés d’une conscience qui nous permet d’agir selon notre volonté et de faire nos propres choix.
Cet apparent sentiment de liberté n’est peut-être rien d’autre qu’une illusion. Commençons dès à présent avec l’un des grands penseurs du XVIIème siècle : Spinoza.
Le déterminisme revu par Spinoza
Dans son ouvrage fondamental l’Éthique, Spinoza développe jusqu’à son paroxysme la thèse du déterminisme : selon lui tout est déterminé, écrit à l’avance, et dicté par les lois de la nature ! Il existe un futur, unique, qui est d’avance écrit. On peut ainsi symboliser sa vision du temps par une flèche : un passé, un instant présent, un futur !
D’après lui, le principe de causalité, permet d’établir un futur immuable. Vous comme moi prenons des décisions sur la base de nos expériences, de nos envies, de nos passions. Notre passé détermine notre futur, point barre ! Si nous croyons qu’il y a plusieurs futurs possibles, et que nos choix peuvent influer sur l’avenir, ce n’est qu’une illusion issue de notre ignorance !
Quelle ignorance ? Nous sommes illusionnés par ce semblant de liberté alors même que tout est pré-établi. C’est ce défaut de connaissance quant au déterminisme des choses et du monde qui nous leurre. L’homme ne peut être libre quand bien même il en aurait l’impression.
Cependant, pour Spinoza, nous disposons de la liberté de connaître les causes de nos actions, mais nous nous ne sommes pas « libres » quand nous faisons un choix. Prenez peut-être une minute pour relire cette phrase, la pilule n’est pas évidente à avaler…
« Les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent » Spinoza
Cet extrait de la Lettre à Schuller résume parfaitement sa pensée : pour lui, le libre arbitre est un préjugé. Nous pensons être libres par la présence de cette petite voix dans notre tête, notre conscience. Celle-ci nous donne une impression de liberté dans le choix, mais ce dernier n’est en réalité qu’illusoire. Nos choix sont systématiquement déterminés, et nous sommes ignorants des raisons qui les déterminent ! Nous faisons un amalgame en confondant nos désirs, nos passions, avec notre libre arbitre et les options que nous prenons.
Toujours dans la Lettre à Schuller, Spinoza illustre son propos en donnant un exemple qui, je le pense, parlera à chacun d’entre vous.
« Lorsqu’un homme est ivre, il croit pourtant parler librement et dire ce qu’il veut. Plus tard, redevenu sobre, il regrette ses paroles, reconnaît avoir parlé sous l’emprise de la boisson. Pourtant, au moment où il était ivre, il n’avait pas l’impression de l’être et croyait dire ce qu’il voulait dire… » Spinoza
Spinoza n’en est pas pour autant un pessimiste. Il développe en effet parallèlement le concept du conatus qui permet de repositionner une forme de liberté. Le conatus est une « puissance propre et singulière, un effort pour persévérer dans l’être ». C’est ce qui nous définit en tant qu’individu, ce qui nous caractérise, ce que nous sommes. Si nous suivons notre conatus, alors nous sommes libres pour Spinoza. Si nous nous en éloignons, nous sommes contraints.
Je ne rentrerai pas plus en profondeur dans la philosophie de Spinoza, car j’avoue ne pas être bien sûr d’en maîtriser la complexité. Quoi qu’il en soit, si vous en voulez encore sur Spinoza et sur le libre arbitre je vous invite à regarder l’une de ces deux vidéos suivantes :
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