Une difficulté propre à la dissertation mais que l’on retrouve dans beaucoup de sujets est le début de l’énoncé « peut-on ». C’est un grand classique des énoncés de dissertation, donc que signifie « peut-on » et comment fait-on pour l’analyser classiquement ? Quelles sont les erreurs qui lui sont associées ?
I. Définitions
« Peut-on » veut toujours dire au moins deux choses. Premièrement, « peut-on » équivaut à « a-t-on la possibilité de », « a-t-on la capacité réelle de ». Deuxièmement, « peut-on » renvoie à la question de savoir « a-t-on le droit » ou « a-t-on la légitimité ».
Si on l’applique au sujet « Peut-on reprocher à une œuvre d’art de ne rien vouloir dire ? », une des erreurs consiste à n’envisager le « peut-on » que du point de vue de la possibilité de telle sorte que le sujet est traité souvent en se demandant s’il y a des œuvres d’art qui n’ont pas de signification.
II. Problématisation
On a pris des blocs, alors qu’un des enjeux précisément de la question est d’essayer d’envisager le problème de la légitimité, à savoir envisager le fait qu’on se demande si une œuvre d’art qui n’a pas de signification, qui ne veut rien dire, reste une œuvre d’art. Doit-on, a-t-on le droit et la légitimité de penser qu’une œuvre d’art peut très bien, c’est-à-dire a le droit, la légitimité, de ne rien vouloir dire ?
III. Piste de plan
Ces deux questions, si on les traite chacune pour soi, peuvent tout à fait être la base de deux parties. Premièrement, on montre que des œuvres d’art ont une signification spécifique, mais que d’autres n’en non pas. Une fois établi que certaines œuvres d’art n’ont pas de signification particulière, avec les difficultés qu’on a associées, montrer qu’elles en ont tout à fait la légitimité.
source : https://www.lesbonsprofs.com/philosophie/l-analyse-des-sujets-en-peut-on-exemple-750
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Un exemple d'analyse du sujet : "Peut-on tolérer toutes les opinions ?"
– « Est-il possible de tolérer toutes les opinions ? »
– « A-t-on le droit (ou est-il juste, ou légitime) de tolérer toutes les opinions ? »
Seul le second sens du verbe « pouvoir », celui qui indique une question de droit, sera donc conservé ici.
Pour cela, il faut essayer de l'intégrer à une phrase plus simple et plus commune que ne l'est le sujet de dissertation, par exemple ici :
« Le professeur refuse que ses élèves parlent à voix haute, mais il tolère qu'ils parlent à voix basse. » Qu'implique ici le verbe « tolérer » ?
Il est clair que le professeur ne veut pas, ne souhaite pas positivement que ses élèves bavardent, mais il admet, supporte, ou accepte qu'ils parlent à voix basse, même s'il ne l'approuve pas entièrement.
« Tolérer » signifie donc : accepter ou admettre quelque chose (un acte, une idée) avec quoi cependant on n'est pas soi-même d'accord, que l'on n'approuve pas vraiment.
L'étymologie indique donc aussi bien que « tolérer », c'est supporter une idée ou un fait que l'on n'a pas soi-même voulu ou approuvé.
Mais dans les deux cas, l'opinion se caractérise comme étant insuffisamment démontrée, et par conséquent par son caractère incertain ou simplement probable.
Cette définition et cette opposition permettent de commencer à entrevoir le problème que pose l'opinion : il n'est pas certain qu'il faille toujours la tolérer, puisqu'elle n'est pas certainement vraie, puisqu'elle s'oppose et fait donc peut-être obstacle à la connaissance authentique qu'est la science.
En d'autres termes, la question n'est pas ici de savoir s'il faut tolérer certaines opinions, mais bien toutes les opinions, quelles qu'elles soient et quel que soit leur contenu – ou s'il faut au contraire penser qu'il y a une limite (morale, juridique ou relative à des exigences théoriques de vérité et de certitude) à la tolérance des opinions.
En un sens, il suffirait alors de démontrer de façon rigoureuse qu'au moins une opinion ne saurait être tolérée, pour montrer qu'on ne peut tolérer toutes les opinions, puisqu'il y a à cela au moins une exception.
Si l'on reprend les divers éléments d'analyse découverts auparavant, on peut et doit alors reformuler et surtout expliciter le sujet de la façon suivante : il s'agit, ici, de savoir si l'on a le droit, s'il est légitime, de chercher à accepter ou supporter la totalité des opinions, c'est-à-dire tous les avis ou idées qui se caractérisent pourtant par l'absence de démonstration et leur incertitude.
Une telle reformulation permet de commencer à faire apparaître le problème impliqué par le sujet, qui devra cependant être encore précisé et développé en élaborant une véritable problématique.
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