La conscience est la clé pour accéder à la vérité des choses. Dans Idées directrices pour une phénoménologie, Husserl l’analyse du point de vue de la phénoménologie (la science des phénomènes) plutôt que celui de la psychologie, c’est-à-dire qu’il ne se limite pas à l’étude des expériences intérieures. Son ambition lui demande d’abandonner l’attitude naturelle consistant à confondre spontanément la représentation et l’essence des objets.
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La conscience est liée à la perception. Husserl a décrit celle-ci comme un flux se produisant dans la celle-là. Cette conception implique de ne pas confondre la perception et la chose perçue, quoiqu’elles soient inextricablement liées. Le philosophe compare le processus cognitif de la perception à une esquisse, dans la mesure où l’élément perçu n’apparaît que progressivement, par touches successives. Par exemple, lorsque le sujet fait le tour d’une table, sa perception en change continuellement selon ses angles de vue, alors que l’objet demeure strictement le même. « La perception, explique Husserl, est entraînée dans le flux incessant de la conscience et est elle-même sans cesse fluante : le maintenant de la perception ne cesse de se convertir en une nouvelle conscience qui s’enchaîne à la précédente, la conscience du vient-justement-de-passer ; en même temps s’allume un nouveau maintenant » (Idées directrices pour une phénoménologie). Lorsque la conscience porte son attention sur un objet, celui-ci se détache de l’arrière-plan, et elle renonce ce faisant à tout un champ de perceptions potentielles. Percevoir une chose, c’est donc n’en avoir qu’une vue partielle, mais avec la potentialité d’autres vues, comme toute face d’un cube en laisse deviner les autres. Husserl distingue ainsi la perception de l’affection, qui est, elle, ressentie en totalité.
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Husserl identifie une objectivité dans l’intentionnalité de la conscience
La conscience est intentionnelle. Husserl montre que, contrairement aux phénomènes physiques, les phénomènes psychologiques visent toujours une chose précise, car l’acte de conscience (perception, mémoire, sentiment, etc.) et son objet sont liés de manière très particulière. Pour la conscience, l’objet visé, ou noème, n’est pas l’objet tel qu’il existe objectivement, dans son essence ; il n’est que le contenu qu’elle produit par l’acte de conscience, ou noèse. Si celle-ci est un processus cognitif réel, auquel correspondent des sensations, le noème est lui un contenu irréel, fruit de l’intentionnalité. « Le mot intentionnalité, écrit Husserl, ne signifie rien d’autre que cette particularité foncière et générale qu’à la conscience d’être conscience de quelque chose, de porter, en sa qualité de cogito, son cogitatum en elle-même » (Idées directrices pour une phénoménologie). Ainsi, elle se définit fondamentalement comme un acte de relation par lequel le sujet se rapporte au monde. Chaque élément qu’elle vise est perçu et vécu d’une façon particulière. Cependant, si le sujet corrige sa propension naturelle à porter des jugements sur les objets en soi (tels qu’ils seraient objectivement, indépendamment du biais de la perception), alors il pourra observer sa conscience dans sa pureté – cet effort d’objectivité s’appelle, dans la terminologie de Husserl, la réduction phénoménologique.
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La conscience donne un sens possible à l’objectivité. Husserl affirme que si, en constituant l’objet qu’elle vise pour le sujet, elle ne fait pas naître une réalité, elle lui donne tout de même un sens. Le noème n’est pas une imitation de l’objet visé considéré objectivement ; il est l’objet lui-même pour l’esprit du sujet, tel qu’il est pensé par le sujet. L’acte de conscience rend donc possible une forme d’objectivité à l’intérieur même de la conscience. « L’ego transcendantal, pose Husserl, résulte de la mise entre parenthèses du monde objectif dans son ensemble. J’ai alors pris conscience de moi-même comme d’un ego transcendantal qui […] constitue tout ce qui peut être objectif pour moi » (Idées directrices pour une phénoménologie). Dans le détail, le philosophe distingue deux types de sens donnés par le sujet à l’objet : il peut d’une part se focaliser sur certaines de ses propriétés objectives (comme la couleur, la dureté, etc.) ; il peut d’autre part se rapporter à lui selon différentes formes propres à sa subjectivité (la mémoire, le désir, la morale, etc.). Or, conclut Husserl, la connaissance ne peut être constituée, au sens scientifique, que par rapport au premier sens : il faut que les propriétés perçues par le sujet correspondent effectivement à celles de l’objet réel.
>> Le Cogito de Descartes sur un post-it
source :
https://1000-idees-de-culture-generale.fr/conscience-husserl/
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