Banksy n’est connu que sous ce pseudo. On sait peu de chose sur lui. il serait né en 1974 à Bristol, en Grande-Bretagne. Presque la même année, donc, que le mouvement dont il est aujourd’hui l’un des principaux représentant ; le Street Art.
Quoi, que deux de ses oeuvres pour le découvrir ?
Nous nous sommes arrêtés sur deux oeuvres de Baksy : “La petite fille et le soldat” et “ La police arrête et contrôle une fille” de l’artiste de rue Banksy.
Banksy est l’un des principaux représentant du Street Art. Le « Street art » est l'art, développé sous une multitude de formes, dans des endroits publiques ou dans la rue, au début des années 70. Le terme englobe la pratique du graffiti, du graffiti au pochoir, de la projection vidéo, de la création d'affiche, du pastel sur rues et trottoirs. Banksy utilise toutes ces techniques pour faire vivre son art et promouvoir ses messages.
Le terme « street art » est habituellement utilisé pour distinguer une forme d'art d'un acte de vandalisme réalisé par un individu ou un groupe d'individus qui défendent leur territoire, qui expriment ainsi leur appartenance à un groupe ou encore qui désirent passer un message qui n'a aucune valeur artistique. Le street art est donc bien plus qu’un “simple” tag.
Si les sujets des deux oeuvres que nous vous présentons semblent assez proches, sinon presque jumeaux, ils sont dans leur contexte, très différents.
“La petite fille et le soldat”
C’est durant l’été 2005 que l’artiste se rend en Palestine, à Bethléem. Petite ville de Cisjordanie sous administration de l’autorité palestinienne. Cette ville d’environ 25 000 habitants a une spécificité depuis quelques années ; les autorités israéliennes y ont construit un mur de 8 mètres de haut afin de la séparer des territoires palestiniens occupés par Israël.
Banksy peint neuf images sur ce mur, dont “La petite fille et le soldat”. Il réalise cette peinture avec un pochoir et des bombes de peintures. L’oeuvre est directement liée au contexte politique où des fouilles effectuées sur les civils palestiniens par les forces armées israéliennes sont quotidiennes et systématiques.
Les deux personnages sont caricaturaux. La petite fille porte une robe rose et des couettes. Une ceinture noire enserre sa taille, laissant apparaitre un ruban rose. Une chaussure qu’on imagine vernis laisse voir une socquette blanche. Elle représente bien plus qu’une simple enfant palestinienne, par ces vêtements plus occidentaux qu’orientaux ; Banksy souhaite figurer ainsi tous les enfants et leur droit à une certaine innocence.
Le soldat lui aussi est stéréotypé. Il est vêtu d’un casque, d’un gilet pare-balles, de chaussures militaire. Son arme est posée contre le mur et n’est pas en position de tir. On pourrait même imaginer que sans elle, il est à la merci de la petite fille et se laisser fouiller.
Si la première impression est plutôt positive - une mineure, civile, prend le pas sur un militaire - l’impression générale, à une lecture plus profonde, semble plus complexe. C’est une jeune fille qui prend le pouvoir ; elle perd ainsi son innocence, puisqu’elle désarme et contrôle un soldat. Ensuite ; est ce bien à elle de le faire ? Où se trouve la protection des adultes ? De sa famille ? L’artiste veut il montrer, qu’en situation de guerre, même les enfants sont autorisés à réagir ? A se défendre ?
Bansky nous montre ainsi toute la complexité de l’interprétation d’une oeuvre d’art, en partant d’un sujet d’actualité traité de manière à faire réfléchir, quelque soit son camp.
"Faîtes le Mur" de Bansky - Film 2010
“ la police arrête et contrôle une fille”
Si l’artiste est né à Bristol, c’est à Londres qu’il arrive au début des années 90. C’est dans le contexte de l’affaire Jadan Shepherd - un garçon de neuf ans, interpellé et fouillé par la police dans le sud de Londres - que Banksy dénonce le manque de logique dans le fait d’arrêter et de fouiller un enfant de moins de dix ans, au lieu de contacter un parent, un tuteur ou un adulte responsable avant.
Banksy créé ce pochoir en 2007, l’année où une partie de l’Angleterre s’offusque que 939 enfants de moins de 10 ont été arrêté et fouillé par la police métropolitaine. “Le policeman et la petite fille” met en scène l’un des ces contrôles. Collée au mur, les mains posées sur celui-ci ; la petite fille est habillée comme une écolière. Un sac semblant contenir son goûter et une peluche, tous deux de couleur rose, sont posés, alignés, contre le mur.
Le policeman - policier britannique reconnaissable à son chapeau - laisse entrevoir à sa ceinture une paire de menottes, un talkie-walkie et un tonfa - matraque -. Le nom original de cette oeuvre est “Police stop and search girl“ : que l’on peut traduire par “la police arrête et contrôle une fille”.
Banksy met en scène deux personnages que l’on ne s’attend pas à trouver ensemble, dans ces conditions et surtout dans une capitale européenne. Tous les accessoires de la petite fille tendent à montrer son innocence, son statut de petite fille “normale”; or le policier l’a arrêté et est en train de contrôler si elle n’a rien de dangereux ou d‘illégal sur elle. Tout comme les 939 enfants dont nous parlions en début de chapitre et dont aucun ne fut poursuivi, après leur arrestation.
Banksy propose une nouvelle approche de l’art.
Un art urbain, de rue, qui est visible par le plus grand nombre de personnes, sans pour autant être réservé à une élite, fréquentant les expositions ou les musées. C’est un artiste engagé dans son temps, dans les problèmes que chacun de nous peut rencontrer. C’est un art du quotidien. Accessible et compréhensible, même s’il demande de s’y arrêter pour comprendre les messages qu’il veut faire passer. C’est aussi un art éphémère ; car rien ne dit que ses oeuvres perdurent sur le support qu’il a choisi pour elles.
Pour finir, Banksy raconte qu’alors qu’il peignait l’une de ses neuf oeuvres sur le mur de séparation à Bethléem, un homme qui passait à côté de lui s’est arrêté et lui a dit « vous embellissez le mur ». Banksy, flatté, à répondu : « Merci, c'est gentil », et il fut aussitôt coupé par le vieil homme : « On ne veut pas que ce mur soit beau, on ne veut pas de ce mur, rentrez chez vous.».
Le message va, ainsi, au delà du support où il se trouve.
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