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problématiser un sujet de dissertation, exemples (2)

Publié le 1 Mars 2019, 08:56am

Catégories : #philo (méthodologie)

problématiser un sujet de dissertation, exemples (2)

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C’est dans l’introduction que le problème doit être posé ; il sera discuté tout au long du développement. La problématisation est un exercice relativement artificiel qui, plus qu’un autre, demande que l’habileté soit entraînée.

Voici plusieurs techniques pour problématiser la question d’un sujet de dissertation ; suivant les sujets, elles sont d’inégale valeur : elles peuvent parfois se cumuler ou se confondre. Toutefois, le but de toute problématisation est d’aboutir à un problème = l’opposition équilibrée de deux réponses immédiates, crédibles mais aporétiques.

  1. Technique de l’opposition problématique : si, dans une dissertation, il doit y avoir une opposition franche (d’un côté, oui… mais d’un autre côté, non…) c’est dans l’introduction et non pas dans le développement. Pour trouver une opposition, il suffit simplement de s’opposer à la question posée et de déplier toute la justification de cette opposition. Une simple différence ne fait pas toujours une opposition.
  2. Technique de la question essentielle : convertir un sujet de dissertation en question essentielle (sous la forme canonique du « qu’est-ce que… ? ») permet de cadrer, d’encadrer, et d’orienter le développement dans lequel il s’agit de construire par la discussion la définition du « terme essentiel ».
  3. Technique du moyen terme sous-jacent : un troisième terme – le « moyen terme » – peut permettre d’expliciter l’opposition entre deux termes forts d’un sujet. Il s’agit de faire attention de ne pas glisser hors du cadre problématique du sujet.
  4. Technique de la contradiction interne : le problème peut quelquefois se trouver dans la contradiction non pas entre deux termes du sujet, mais entre leurs conséquences apparentes et prévisibles. La problématisation reviendra à dégager explicitement cette contradiction.
  5. Technique de l’alternative : au moyen d’une alternative, le problème se présente explicitement comme une discussion entre deux solutions exclusives l’une de l’autre : ou bien… ou bien…
  6. Technique du paradoxe : le problème peut quelquefois se trouver dans un paradoxe explicite entre deux termes du sujet. La problématisation reviendra à clarifier et renforcer ce paradoxe.

La problématisation sera réussie si :

  1. elle évite un contresens ou un hors-sujet.
  2. elle permet de vraiment lancer la discussion (dans le développement).

Quand ce n’est pas le cas, l’introduction est déséquilibrée et provoque souvent un plan contradictoire en oui/non (ou l’une de ses variantes).

 


N’avons-nous de devoirs qu’envers autrui ?

Raisonne-t-on bien quand on veut avoir raison à tout prix ?

Faut-il préférer le bonheur

à la justice ?

       

Présupposés

Nous avons des devoirs

Des devoirs envers autrui

Raisonner # avoir raison.

Nous voulons à tout prix avoir raison.

Concurrence entre justice et bonheur.

De fait, nous préférons le bonheur.

Hors sujets

Avons-nous des devoirs envers autrui ?

Raisonne-t-on bien quand on veut avoir raison ? Faut-il avoir raison à tout prix ?

Qu’est-ce qu’une préférence ?

Préférons-nous le bonheur à la justice ?

       

Opposition

problématique

Non… mais, nous avons aussi des devoirs envers soi ; ou envers la nature. ☺

Non… mais, on raisonne bien si on peut accepter d’avoir tort.

Non… mais, il faut que bonheur et justice s’harmonisent☺

Question essentielle

Qu’est-ce qu’un devoir ?

Qu’est-ce que (bien) raisonner ?

Bonheur et justice

Moyen terme

Respect : peut-on se respecter sil’on ne respecte pas l’autre ?

Et réciproquement ? ☺

Discussion : d’un côté, c’est un exercice de rationalité rationnelle ; de l’autre, elle est impraticable sans tolérance raisonnable☺

Paix : d’un côté, ne pas s’occuper du malheur des autres, c’est préférer sa tranquillité (sa propre paix) ; de l’autre, la Paix est le but de la justice. ☺

Contradiction externe

 

Si la raison est la même chez tous, comment peut-on avoir tort de partager une idée ? ☺

Pas de bonheur si injustice et pas de justice si malheur. ☺

Alternative

Ou bien, il n’y a de devoirs qu’envers autrui, ou bien ce ne sont pas les seuls devoirs.

Soit on veut avoir raison à tout prix et c’est une faute de raisonnement (trop de cœur), soit on accepte d’avoir tort et ce serait (raisonnablement) bien. ☺

Soit on préfère le bonheur (et ce ne peut être un devoir,) soit on préfère la justice (mais la justice n’est pas affaire de préférence). ☺

Paradoxe

Même si nous avons des devoirs envers nous :  aucun devoir pour un homme seul. ☺

On aurait tort d’avoir passionnément raison et raison de ne pas avoir toujours raison. ☺

Que valent et un bonheur injuste s’il n’est pas durable et une justice qui fait le malheur ? ☺

 

Connaissons-nous mieux le passé que le présent ?

Pourquoi voulons-nous être libres ?

Le langage ne sert-il qu’a communiquer ?

       

Présupposés

Nous connaissons le passé.

Nous connaissons le présent.

Nous disposons d’une volonté.

Nous voulons être libres.

Le langage a une utilité.

Le langage sert à communiquer.

Hors sujets

Connaissons-nous mieux le présent que le passé ?

Voulons-nous être libres ?

Sommes-nous libres ?

Le langage sert-il à communiquer ?

Ne peut-on communiquer qu’en parlant ?

       

Opposition

problématique

Non…, mais nous connaissons autant le passé que le présent. ☺

 

Non…, mais il sert aussi à former ses pensées. Former # formuler. ☺

Question essentielle

Qu’est-ce que la connaissance (du sens) du passé historique ? ☺

Qu’est-ce que la liberté ?

Quelles sont les fonctions du langage ?

Moyen terme

Futur : d’un côté le présent est un futur passé ; de l’autre, nous ne intéressons au passé que pour le futur. ☺

Infini : d’un côté, la volonté est l’infini en nous (Descartes) ; de l’autre, une liberté infinie ou illimitée rendrait incompatibles les libertés. ☺

Animal : s’il y a un langage animal, c’est un outil de communication. Mais d’un autre côté, la langage humain peut seul exprimer une pensée.

Contradiction externe

Si oui, comment peut-on, mieux que ceux qui l’ont vécu comme présent, connaître le passé ? ☺

Parce que nous ne le sommes pas ; parce que nous le sommes ; mais alors pas de différence entre liberté et non-liberté ? ☺

Même s’il ne sert qu’à communiquer, ce qui est communiqué peut-il exister  sans(une autre fonction du) langage ? ☺

Alternative

Soit nous connaissons mieux le passé (recul rétrospectif) ; soit nous connais-sons mieux le présent (vivacité du présent). ☺

Voulons-nous être libres parce que nous le sommes ou bien parce que nous ne le sommes pas ?

Le langage sert-il à communiquer ou bien à penser ?

Paradoxe

Ce serait de mieux connaître l’absent que le présent, l’autre que le même, le pluriel que le singulier. ☺

La volonté suppose la liberté. Vouloir être libre, c’est donc vouloir être plus libre ; sans fin ? Mais la liberté illimitée est-elle la liberté ? ☺

Si la langage ne sert qu’à communiquer, d’où peuvent bien naître les contenus à communiquer ? ☺

 

Les hommes ont-ils

besoin d’être gouvernés ?

L’homme cherche-t-il

toujours à connaître la vérité ?

Prendre conscience de soi, est-ce devenir étranger à soi ?

       
Présupposés

Les hommes vivent ensemble.

Cette vie ensemble peut être politique.

La vérité existe, l’homme peut la connaître.

Pour connaître la vérité, il doit la chercher.

On peut prendre conscience de soi.

On peut devenir étranger à soi.

Hors sujets

Peut-on gouverner les hommes ?

L’homme cherche-t-il à connaître la vérité ?

L’homme connaît-il toujours la vérité ?

Doit-on prendre conscience de soi ?

Peut-on prendre conscience de soi ?

       

Opposition

problématique

Non…, mais ils ont la volonté d’être libres. Ou, besoin d’être éduqués. Ou, besoin de se gouverner.

Non…, mais il la cherche souvent ou parfois.

Non…, mais c’est rester étranger à soi ; ou, c’est devenir proche de soi.

Question essentielle

Qu’est-ce que l’homme (par rapport à la  liberté) ?

Qu’est-ce que l’homme (par rapport à la vérité) ?

Qu’est-ce que prendre conscience de soi ?

Moyen terme

Animal : le besoin est ce qui est animal en l’homme, or les animaux n’ont pas de gouvernement.

☺ Progrès : l’homme accumule des vérités sur lesquelles il s’appuie pour en chercher toujours d’autres.

☺ Recul : on ne peut pas se connaître sans prendre du recul, mais se reculer trop, c’est risquer de se couper de soi.

Contradiction externe p>

☺ On ne gouverne pas des animaux, mais c’est en tant qu’animaux que les hommes doivent être gouvernés.

☺ S’il cherche toujours, c’est qu’il n’a toujours pas trouvé la vérité et s’il ne cherche pas, il ne peut jamais la trouver : introuvable vérité ?

☺ Que l’on prenne ou non conscience de soi, le résultat semble être le même : une étrangeté à soi.

Alternative

Soit oui et le risque est la tyrannie (goût du pouvoir) ; soit non et le risque est l’anarchie (dégoût du pouvoir).

 

Soit c’est devenir étranger à soi, soit c’est cesser d’être étranger à soi.

Paradoxe

☺ Si les hommes ont besoin d’être gouvernés, celui qui les gouvernera a-t-il besoin à son tour d’être gouverné ?

☺ Si l’homme cherche toujours la vérité, serait-ce qu’il ne la trouve jamais ? Pourquoi alors la chercher ?

☺ Comment en prenant conscience de soi-même, pourrait-on devenir autre ?

 

source : http://www.philosisyphe.net/problematiser/

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