Que ce soit pour construire une dissertation (son plan général, mais aussi l’argumentation au sein de chaque partie et sous-partie) ou pour lire et expliquer un texte philosophique, il faut maîtriser les principaux connecteurs logiques. Sans cela, vous êtes condamnés à accumuler des arguments sans lien les uns avec les autres (alors qu’une dissertation est la construction progressive et articulée d’un propos), et à ignorer la mécanique interne des textes étudiés, et donc le sens même des phrases. *
On peut classer les principales fonctions logiques comme suit : l’explication, la conclusion, l’opposition ; la concession, la condition, l’explicitation, la gradation.
L’explication
Elle consiste à donner la cause, ou la raison, de ce qui est proposé.
Connecteurs : Car, parce que, dans la mesure où, en effet, puisque.
Exemples : Il y a une alternance du jour et de la nuit. En effet, la Terre tourne sur elle-même et n’est pas également exposée au Soleil. – La situation d’indifférence ne prouve pas que nous ayons un libre arbitre, puisque l’indifférence parfaite n’est qu’une situation théorique et idéale, qui ne se rencontre pas dans les situations de choix réelles.
La conclusion (provisoire ou définitive)
Elle consiste à donner la conséquence de ce qui est proposé.
Connecteurs : donc, ainsi (attention : terme équivoque), c’est pourquoi, ce qui fait que, alors, partant, par conséquent, si bien que… Exemples : Il pleut, donc le sol est mouillé. – Nous ne sommes pas dotés d’un libre arbitre, c’est pourquoi le blâme et la louange n’ont aucun sens.
L’opposition
Elle consiste à avancer un argument qui contredit (réellement ou seulement en apparence) ce qui a été proposé jusqu’ici. Elle sert à faire valoir des objections, et donc à nuancer le propos.
Connecteurs : mais, cependant, toutefois, néanmoins, pourtant… Exemples : J’ai froid, mais le thermostat indique 22°C. – La pensée n’est pas matérielle ; pourtant il n’est pas possible de penser sans un substrat matériel, c’est-à-dire un cerveau.
Ce sont les principales conjonctions logiques. Elles ne doivent pas être confondues avec les simples conjonctions chronologiques (d’abord, ensuite, puis, après, enfin ; de plus, en outre ; premièrement, deuxièmement…). Quand vous employez une de ces conjonctions, c’est de la paresse car vous ne cherchez pas à articuler rationnellement votre propos ; quand un auteur en emploie une, c’est souvent pour cacher une conjonction logique : à vous de la retrouver d’après le contexte.
Précision d’importance : si toute pensée construite s’achemine selon un ordre, on constate qu’il y a plusieurs ordres possibles selon l’effet que l’on veut produire sur le lecteur. Si l’on est face à un lecteur patient, on déploiera sa pensée selon un ordre quasi mathématique : 1. Principe, 2. Conséquence, 3. Conséquence de cette conséquence, etc.
– Exemple : Nous avons la capacité de faire des choix libres. Donc voir le bien et faire le bien sont deux choses distinctes. Donc nous pouvons faire des choix irrationnels ou socialement inconvenants.
Si l’on veut capter immédiatement l’attention de son lecteur, on tendra plutôt à exposer la conclusion logique en premier.
– Exemple : Nous pouvons faire des choix irrationnels ou socialement inconvenants. En effet, voir le bien et faire le bien sont deux choses distinctes, car nous avons la capacité de faire des choix libres.
Et entre ces deux extrêmes (descente logique du principe aux conséquences ultimes, ou remontée inverse) il existe toutes les variations possibles, selon la manière dont on conduit son discours, selon la difficulté et l’importance des arguments, etc. Mais ne perdez pas de vue qu’en droit, défendre une thèse claire sur un sujet (et non pas simplement « avoir une opinion »), c’est être en mesure d’expliquer ce qu’on dit (remontée aux principes) et d’en déduire les conclusions nécessaires (descente progressive jusqu’aux conséquences). En d’autres termes, c’est être en mesure de proposer toute une architecture logique capable de soutenir une simple proposition, et de retrouver la place de cette proposition au sein de cette architecture : si je dis cela, au nom de quelle raison puis-je le dire, et sur quels fondements repose à son tour cette raison ? quelles conséquences logiques doivent s’en suivre ? etc.
Autres relations logiques à ne pas négliger – car très courantes elles aussi :
- Or : connecteur qui sert à lier deux idées pour tirer une conclusion (lorsque la conclusion ne pourrait pas être tirée d’une seule des deux propositions).
Exemple : Socrate est un homme, or les hommes sont mortels, donc Socrate est mortel.
- La relation de concession : elle sert soit à affaiblir le propos en lui présentant des objections, soit à le renforcer en ne présentant que des concessions apparentes.
Connecteurs : bien que, quoique, même si, certes, malgré.
- La relation de condition : elle sert à indiquer une hypothèse, soit pour entamer une objection au propos, soit pour verrouiller le propos (par une réfutation par l’absurde).
Connecteurs : si, dans le cas où, supposons que.
- La relation d’explicitation (ou de précision, de développement) : elle sert à définir un mot avancé, ou à préciser son sens quand le besoin s’en fait sentir.
Connecteurs : c’est-à-dire, soit, en d’autres termes. A ne pas confondre avec l’explication, car aucune raison n’est véritablement donnée ici, il ne s’agit que de dissiper l’équivoque du langage.
- La relation de gradation : c’est la plus proche de la simple relation d’addition, chronologique, mais elle est plus que cela puisqu’elle introduit un ordre d’importance (valeur) dans les arguments proposés.
Connecteurs : non seulement-mais encore.
Dernier conseil : le sens de la plupart de ces conjonctions est variable, et dépend en partie du contexte dans lequel vous les trouvez. C’est toute la difficulté (notamment dans l’explication de texte), qui consiste à aller sans arrêt de la partie au tout et du tout à la partie (du mot à la phrase et de la phrase au mot, de la phrase au texte entier et de celui-ci à la phrase), car les deux opérations se complètent sans qu’il y ait d’ordre de priorité entre les deux.
On sait simplement que l’explication est finie quand toutes les ambiguïtés sont levées, et que le sens de tous les mots essentiels est expliqué, sans que le texte entier paraisse incohérent.
source : https://hvsphilosophie.files.wordpress.com/2015/09/fiche-de-synthc3a8se-sur-les-connecteurs-logiques.pdf
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