Chers lycéens, les épreuves du baccalauréat sont encore loin, mais comme vous le savez, les révisions doivent s'échelonner tout au long de l'année. Et grâce à 007, le plan d'une dissertation de philosophie n'aura plus de secret pour vous.
Si James Bond sauve le monde, il peut aussi sauver votre prochaine dissertation de philosophie.
Daniel Craig, Sean Connery, Roger Moore et les autres marchent dans les pas de Hegel, ce philosophe allemand du début du XIXe, connu pour son fameux triptyque "Thèse – Antithèse – Synthèse". Hegel est l’auteur de cette méthode, de cette dialectique qui guide la dissertation philosophique.
Le drame de la troisième partie d'une dissert'
Les élèves de terminales ont un problème : au moment de rendre leur dissertation de philosophie, il manque très souvent une troisième partie. LA troisième partie, celle que l’on cherche en s’arrachant les cheveux (quand on la cherche). Exemple : "Faut-il toujours aider notre semblable ?" Thèse : oui. Antithèse : non. Synthèse : euh…
Ne vous inquiétez pas, 007 est là pour vous sauver. En effet, les "James Bond" sont construits comme des dissertations de philosophie. Thèse : je vais sauver le monde. Antithèse : je rencontre un obstacle et me retrouve prisonnier d’un méchant qui m’envoie des coups de corde à nœud dans les testicules. Synthèse : je trouve une solution et me sors de l’impasse.
Hegel donne l’exemple suivant… Thèse : l’être. Antithèse : le néant. Synthèse : le devenir. Voyez, le devenir est un mélange d’être et de néant, puisqu’il met dans un même mouvement ce qui est et ce qui n’est pas (pas encore) ou plus.
Encore ? Thèse : affirmation. Antithèse : négation. Synthèse : négation de la négation.
Et ce signifie… Thèse : 007 s’affirme. Antithèse : 007 est nié. Synthèse : 007 nie sa négation.
Travaux appliqués avec "Skyfall"
Reprenons le sujet "Faut-il toujours aider notre semblable ?". Chez James Bond, "aider autrui" se transforme en "sauver le monde". Donc…
I- Oui, il faut toujours sauver autrui.
II- Non, c’est d’abord sa peau qu’il faut sauver.
III- Sauver sa peau, c’est sauver autrui et sauver autrui, c’est sauver sa peau.
L’originalité du James Bond incarné par Daniel Craig, et le "Skyfall" en particulier, tient dans le fait que 007 soit prisonnier non seulement du méchant mais aussi de lui-même, de sa névrose, de sa vie intérieure dissimulant de lourds secrets le poussant à boire martini sur martini.
Ce qui nous donne deux sous-parties pour la IIe partie.
IIa- Prisonnier du méchant, 007 doit d’abord penser à lui et s’évader.
IIb- Prisonnier de sa névrose, il doit s’aider lui-même en se délivrant aussi de son addiction au martini.
Pour ce qui est de la première partie, ce n’est pas très compliqué :
Ia- Aider toujours autrui est un devoir (le déploiement de la force du bien).
Ib- Aider toujours autrui est une pulsion irrésistible (l’affirmation de soi).
Lycéen, mets-toi à la place de 007
Au moment de faire la IIIe partie, l’élève de terminale se retrouve mentalement dans un cul-de-sac, tel 007 prisonnier du méchant. Ne pas faire de IIIe partie, c’est comme laisser James Bond entre les mains du méchant. C’est impossible.
Pour trouver une troisième partie, il faut donc se mettre dans la peau de 007 : il est vital de sortir coûte que coûte de l’impasse, de la contradiction thèse/antithèse, faire éclater les sangles de la pensée et les carcans du doute, faire exploser le repaire du méchant et toutes ses machines, sauver autrui tout en fuyant.
Pour notre IIIe partie, il ne faut pas méconnaître le rôle que joue autrui pour moi. Dans "Casino Royale", par exemple, quand le méchant frappe les testicules du héros avec une corde à nœud (oui, j’ai l’air d’y tenir, mais les femmes adorent cette scène et son symbolisme psychanalytique est remarquable), il fait preuve d’une ironie salvatrice ("ça me gratte aussi sur celle de droite…") lui permettant de temporiser et de laisser une solution venir à lui.
Autrui (un inconnu) aide alors 007 à se sauver du méchant. Puis il continue à sauver le monde. Après ce préalable (aide-toi, autrui t’aidera, et aide autrui, il t’aidera), la IIIe partie pourra se formuler aussi :
IIIa- Me sauvant, je sauve autrui
IIIb- Sauvant autrui, autrui me sauve, et du méchant, et de moi-même.
Voilà, reste la conclusion : 007 a une James Bond Girl dans les bras plutôt qu’un martini à la main. Oui, c’est cela, la réciprocité entre humains, l’entraide… Bref, on peut finir la dissertation en parlant de l’amour.
Francis Métivier
source :
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/701507-comment-reussir-ses-dissertations-de-philosophie-grace-a-james-bond.html
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