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explication de texte philosophique - exemple 1 : Kant (le pouvoir politique)

Publié le 21 Février 2019, 09:45am

Catégories : #philo (méthodologie)

explication de texte philosophique - exemple 1 : Kant (le pouvoir politique)

Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée :

" On ne doit pas s'attendre à ce que les rois se mettent à philosopher, ou que des philosophes deviennent rois ; ce n'est pas non plus désirable parce que détenir le pouvoir corrompt inévitablement le libre jugement de la raison. Mais que des rois ou des peuples rois (qui se gouvernent eux-mêmes d'après des lois d'égalité) ne permettent pas que la classe des philosophes disparaisse ou devienne muette, et les laissent au contraire s'exprimer librement, voilà qui est aux uns comme aux autres indispensable pour apporter de la lumière à leurs affaires, et parce que cette classe, du fait de son caractère même, est incapable de former des cabales et de se rassembler en clubs, elle ne peut être suspectée d'être accusée de propagande. "

Kant

Approche globale du texte

  • Quel est le thème du texte ? : ce texte porte sur la philosophie et, plus précisément sur le rapport entre la philosophie et le pouvoir politique.
  • Quel est l'objectif du texte? : ce texte cherche à réfuter une thèse philosophique, à savoir la théorie du philosophe-roi de Platon.
  • Quelle est la question à laquelle le texte tente de répondre ? : Quelle est la fonction politique du philosophe ?
  • Quelle réponse l'auteur donne-t-il à la question qu'il se pose ?(thèse du texte) : le philosophe n'a pas pour fonction de gouverner ("ce n'est pas désirable") mais il doit pouvoir s'exprimer pour éclairer le pouvoir en place.
  • N'existe-t-il pas une thèse opposée à celle de l'auteur ? : la thèse opposée est celle de Platon, la théorie des philosoples-rois, exposée dans La République
  • Quelle est la structure logique du texte ? : une relecture du texte nous conduit à repérer les mots logiques suivants :

On ne doit pas s'attendre à ce que les rois se mettent à philosopher, ou que des philosophes deviennent rois ; ce n'est pas non plus désirable parce que détenir le pouvoir corrompt inévitablement le libre jugement de la raison. Mais que des rois ou des peuples rois (qui se gouvernent eux-mêmes d'après des lois d'égalité) ne permettent pas que la classe des philosophes disparaisse ou devienne muette, et les laissent au contraire s'exprimer librement, voilà qui est aux uns comme aux autres indispensable pour apporter de la lumière à leurs affaires, et parce que cette classe, du fait de son caractère même, est incapable de former des cabales et de se rassembler en clubs, elle ne peut être suspectée d'être accusée de propagande. "

Structure du texte :
1) Il est utopique d'attendre qu'un roi philosophe
2) il est utopique d'attendre qu'un philosophe devienne roi
3) il serait nuisible qu'un philosophe devienne roi 
4) explication de l'idée 3 (caractère corrupteur du pouvoir)
5) définition du rôle politique du philosophe
6) Réponse à une objection-accusation contre les philosophes : thème de la propagande.

 

Analyse linéaire du texte (à faire au brouillon)- Sont soulignées les questions qui interrogent le texte :

" On ne doit pas s'attendre à ce que les rois se mettent à philosopher, ou que des philosophes deviennent rois " 
On ne doit pas s'y "attendre". Cela signifie que si l'on s'y attend, ce sera vainement, qu'il s'agira d'un espoir utopique. Pourquoi ne peut-on s'y attendre ? Qu'est-ce qui pousse Kant à l'affirmer ? D'abord des exemples empiriques. On peut citer le cas, par exemple, de Denys 1er que Platon ne réussit pas à rendre philosophe. Mais donner des exemples ne suffit pas. Il faut aussi s'interroger sur les raisons de cet échec ? Est-ce qu'il ne s'agit que d'un essai malheureux ? En ce cas on peut encore s'attendre à ce que les rois philosophent. Y a-t-il au contraire des causes profondes comme, par exemple, une incompatibilité essentielle, radicale, entre le métier de philosophe et celui de roi. ? C'est ce que veut dire Kant. Qu'est-ce qui rend les deux fonctions incompatibles ? 
Pourquoi, en premier lieu, les rois ne peuvent-ils philosopher ?

  • Les rois sont d'abord jaloux de leur pouvoir et cherchent plus la gloire que la justice. Peut-être cherchent-ils plus à satisfaire leurs intérêts égoïstes indépendamment de la justice et du droit. Or on sait que le philosophe vise à l'objectivité du savoir, qu'il est désintéressé, qu'il ne cherche qu'à connaître et à faire entrer dans la réalité une rationalité maximale. Il semble donc bien que le roi soit le contraire du philosophe, qu'ils s'opposent par définition. On voit mal comment un homme qui ne cherche qu'à satisfaire ses ambitions et intérêts personnels puisse devenir philosophe. Cependant, est-ce vraiment ce que veut dire Kant ? Si c'est vraiment ce qu'il affirme, alors nul gouvernement juste n'est possible, tout souverain est un despote au moins en puissance qui agit sans tenir compte de la justice. Si tel est le cas, alors Kant se contredit car comment un tel roi pourrait-il suivre les avis du philosophe comme le préconisera la suite du texte ? Pourquoi celui qui refuse de suivre sa raison irait-il suivre les conseils de celui qui fait profession de la raison ? C'est impossible. Ce n'est donc pas toujours le caractère passionné et injuste du roi qui est en cause (même si c'est parfois le cas). Qu'est-ce qui différencie alors le roi du philosophe, même lorsqu'il veut gouverner avec justice ?
  • Le roi, contrairement au philosophe est un praticien qui s'occupe moins de théoriser longuement que d'agir. Or il arrive que théorie et pratique soient incompatibles. Le roi, parfois, n'a pas le temps. Il ne peut suspendre son jugement en vue de savoir si oui ou non il fait bien d'agir ainsi. Il est des moments où l'action n'attend pas sous peine de la perte du pays. Or cela est contraire à l'attitude philosophique qui se doit d'être prudente, de suspendre son jugement en l'absence de certitude. Le politique n'a pas toujours le temps de philosopher. 
    Cependant, l'action ne presse pas toujours. Pourquoi alors, même dans ce cas, le roi ne peut-il être philosophe ?
  • Le roi doit utiliser des moyens non raisonnables. Il recourt à la violence (ce qui ne veut pas dire qu'il le fait toujours sans raison). Il est homme d'expérience et d'habileté. Parfois il lui faut ruser pour maintenir son pouvoir contre les jaloux. Même s'il s'agit d'un roi qui gouverne bien, ceux qui veulent gouverner par profit et s'emparer du pouvoir existent. Contre eux, la raison ne peut rien. Il faut employer la ruse, la violence, des moyens qui ne sont en rien philosophiques. Il faut savoir calculer (cf. Machiavel, Le Prince). La politique n'est pas seulement un savoir (même si elle l'est aussi), il y faut surtout l'habileté pratique, l'utilisation de calculs empiriques pour des raisons stratégiques. Un roi ne gouverne pas seul. Il est soutenu par des groupes et même un roi qui serait conscient de l'intérêt de son peuple doit tenir compte de ces groupes et s'en méfier. Le politique doit être habile, ce qui ne va pas parfois sans dissimulation. Pour mener à bien une politique même raisonnable, il faut parfois employer des moyens qui ne le sont pas. La politique est un art au sens où elle suppose le calcul en fonction d'une situation pratique toujours particulière. Le philosophe lui raisonne sur le général. Ses principes valent partout. Le politique, lui, doit s'adapter à des situations par définition toujours uniques s'il est vrai que l'histoire ne se répète pas.

L'exercice du pouvoir ne demande donc pas des qualités de philosophe. Cela ne signifie pas pour autant que le philosophe soit inutile au roi (nous le verrons dans la suite du texte). Mais les qualités du roi ne sont pas celles du philosophe. Si la théorie et la pratique sont liées, complémentaires, s'il est bon que le praticien soit aidé du théoricien, il n'en reste pas moins vrai que ce sont des activités différentes.

Pourquoi, en second lieu, ne faut-il pas non plus s'attendre à ce que les philosophes deviennent rois ?

  • D'abord un philosophe ne peut prendre le pouvoir par la force. Cela ferait de lui un tyran. La violence répugne au philosophe.
  • Il ne peut donc devenir roi que si on fait appel à lui, événement des plus improbables. Les non philosophes se préoccupent peu de reconnaître les qualités du philosophe. En concurrence avec des non philosophes lors d'une élection, il ne sera pas assez habile ou assez démagogue.
  • Du reste le philosophe désire-t-il vraiment gouverner ? Le pouvoir ne le tente pas car il n'a pas la passion des honneurs mais seulement celle de la vérité. Ce qu'il veut c'est que le pouvoir le laisse penser et s'exprimer (comme d'ailleurs tous les citoyens de la cité). Il veut avoir le droit de critiquer l'injustice, de dire ce qui est juste. Mais les intrigues du pouvoir ne le tentent pas. Peut-être même serait-il incompétent, en tant qu'il n'aurait pas toutes les qualités qui font le bon politique. Il n'est pas praticien ce qui ne signifie nullement qu'il ne souhaite pas que d'autres (les gouvernants, les rois) mettent sa théorie en pratique. Le philosophe est vis-à-vis du politique, ce que le scientifique est au technicien. Le scientifique énonce des lois générales valables en pratique mais c'est le technicien qui les adapte aux cas particuliers. De la même façon, ce n'est pas le rôle du philosophe que de gouverner, mais c'est son rôle de réfléchir sur la justice en général.

Kant, dans tout ce qui vient d'être dit, s'oppose à l'idéal platonicien. Il tire la leçon philosophique des échecs de Platon qui, par trois fois, tenta de rendre philosophe le tyran de Syracuse. Platon n'abandonna pas son idéal après ses échecs et n'abandonna jamais l'espoir de voir un philosophe régner. C'est une des raisons pour lesquelles il fonda son école de philosophie, l'Académie, espérant former des philosophes qui deviendraient ensuite rois. Mais dans cette entreprise non plus il n'a pas réussi. Kant en tire les leçons. Platon a échoué parce qu'il n'a pas vu la différence de nature entre la philosophie et la politique, parce qu'il pensait que la politique était un savoir. Il n'a pas vu sa dimension pratique, technique. Platon a échoué parce que ce qu'il voulait était impossible.

"  ce n'est pas non plus désirable parce que détenir le pouvoir corrompt inévitablement le libre jugement de la raison. "
En quoi y a-t-il ici progression dans l'argumentation ? Ici Kant ne se contente plus de dire que l'idéal platonicien est utopique. Il veut montrer que si cet espoir se réalisait, ce serait nuisible. Il ne s'agit plus de parler d'une impossibilité de fait mais de se placer au niveau de ce qui est ou non souhaitable, bénéfique pour l'homme. Kant ne dit pas que le pouvoir corrompt celui qui l'exerce (par exemple en le rendant égoïste etc) mais qu'il corrompt le " libre jugement de sa raison " c'est-à-dire que le pouvoir empêche de juger librement. En quoi ?

  • D'abord être roi c'est manquer de recul. Il n'est pas bon juge de ce qu'il fait puisqu'il est juge et parti. Il ne juge pas l'exercice du pouvoir de l'extérieur mais est lui-même en cause. Il peut juger selon son intérêt particulier, plus ou moins consciemment.
  • Un homme au pouvoir ne gouverne pas seul. Il existe des groupes de pression, des flatteurs, des gens qui cherchent à le tromper (même s'il veut, lui, gouverner raisonnablement) parce qu'ils suivent, eux, leur intérêt. Il peut alors ne plus raisonner correctement sous leur influence.
  • Enfin, si le philosophe cherche la raison, il n'en est pas moins homme et être au pouvoir, avec la puissance que cela confère, peut présenter bien des tentations pour tirer de sa position certains avantages relevant plus de la passion que de la raison. C'est un risque. Est-ce pour autant inévitable ?

Ainsi, l'exercice du pouvoir, autant par les obligations qu'il crée (tenir tête aux flatteurs, recourir parfois à la violence) que par les avantages qu'il confère peut à plus ou moins long terme corrompre le jugement. Comment être impartial, lorsqu'il s'agit de décider souvent dans l'instant, de déjouer les intrigues, de devoir démêler le juste et l'injuste sans le recul nécessaire ? Le pouvoir politique est un pouvoir exorbitant. La meilleure volonté, la sagesse la plus déterminée y succomberait. C'est la nature du pouvoir qui est en cause. Voilà, il faut le dire une vision bien pessimiste du pouvoir, car si le philosophe y succomberait qu'en est-il alors de celui qui n'est pas philosophe ? Dans Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique, Kant précise cette idée : " De quelque façon qu'il s'y prenne, on ne conçoit vraiment pas comment il pourrait se procurer pour établir la justice publique un chef juste par lui-même : soit qu'il choisisse à cet effet une personne unique, soit qu'il s'adresse à une élite de personnes triées au sein d'une société. Car chacune d'elles abusera toujours de la liberté si elle n'a personne au-dessus d'elle pour imposer vis-à-vis d'elle-même l'autorité des lois. Or le chef suprême doit être juste pour lui-même, et cependant être un homme. Cette tâche est par conséquent la plus difficile à remplir de toutes ; à vrai dire sa solution parfaite est impossible ; le bois dont l'homme est fait est si noueux qu'on ne peut y tailler des poutres bien droites. "

" Mais que des rois ou des peuples rois (qui se gouvernent eux-mêmes d'après des lois d'égalité) ne permettent pas que la classe des philosophes disparaisse ou devienne muette, et les laissent au contraire s'exprimer librement, voilà qui est aux uns comme aux autres indispensable pour apporter de la lumière à leurs affaires "
Qu'est-ce d'abord qu'un peuple roi ? Il est question de la démocratie. En démocratie le peuple se gouverne lui-même selon des lois d'égalité, ce qui suppose l'apparition d'une volonté générale (Kant a lu Rousseau). Il s'agit du peuple souverain qui se donne à lui-même des lois. Remarquons que si le roi est une personne physique, le peuple roi est une personne morale. La portée du texte ici s'élargit à d'autres systèmes politiques que la monarchie. Les rois ou peuples rois ne doivent pas permettre que la "classe" des philosophes disparaisse. Que signifie ici le mot "classe" ? "Classe" n'a évidemment pas ici le sens qu'on lui donne aujourd'hui après Marx. Il signifie ici seulement "catégorie", "groupe" d'individus. C'est l'ensemble des individus exerçant la même fonction. Pour Kant, il ne suffit pas de laisser exister les philosophes, il faut aussi les laisser s'exprimer car c'est ainsi qu'ils pourront jouer leur rôle politique. Qui désigne ici "aux uns comme aux autres" ? Il s'agit des rois et des peuples rois. Kant ne dit pas que c'est utile, il dit que c'est "indispensable". Les rois et peuples rois ont besoin des philosophes s'ils veulent éclairer leurs affaires. Pourquoi ? Parce que c'est la seule manière d'échapper aux risques mentionnés plus haut. Si le pouvoir corrompt le jugement, il faut trouver un moyen pour contrebalancer l'influence des causes corruptrices. Les philosophes ne sont pas au pouvoir. Leur jugement n'est donc pas corrompu par lui. Le roi a donc tout intérêt (au moins s'il veut être un bon roi) de consulter les philosophes, de les laisser s'exprimer dans la cité. Les philosophes peuvent redresser le jugement des rois. Les rois doivent laisser s'exprimer non pas un mais toute la "classe des philosophes" car un philosophe seul peut se tromper. La cité a besoin du débat d'idées. Du reste si un seul philosophe devenait le conseiller officiel du pouvoir, il détiendrait lui-même du pouvoir et l'on retomberait dans le même écueil.
Au fond, puisqu'on ne peut être à la fois roi et philosophe, Kant préconise une sorte de division du travail. L'un agira, l'autre cherchera des principes d'action, réfléchira sur ce qui est fait. Les philosophes donneront "de la lumière". Que signifie ce terme ?Il s'agit bien sûr de la lumière de la raison. La vérité est traditionnellement comparée à la lumière (depuis Platon).
Les politiques ont besoin du savoir pour éclairer leur pratique. Les philosophies politiques sont utiles et même indispensables à ceux qui gouvernent.

"parce que cette classe, du fait de son caractère même, est incapable de former des cabales et de se rassembler en clubs, elle ne peut être suspectée d'être accusée de propagande." Qu'est-ce qu'une cabale ? Qu'est-ce qu'un club ?
cabale : menée secrète, intrigue.
Club : sociétés plus ou moins mondaines où l'on débattait des affaires de l'Etat.
Le "caractère même" de la classe des philosophes lui interdit de former des cabales et des clubs. La philosophie ne se préoccupe pas de faire triompher tel ou tel intérêt au moyen de menées secrètes et violentes. Elle ne ruse pas. Elle ne s'intéresse qu'à la justice et à la vérité. La philosophie évolue au grand jour ou n'est plus philosophie. Elle fait part ouvertement de ce qu'elle pense. Pourquoi la philosophie ne peut -elle être accusée de propagande ? La propagande cherche à persuader, c'est-à-dire à forcer l'adhésion par la flatterie, la démagogie etc. Le philosophe cherche à convaincre c'est-à-dire qu'il utilise la raison. Certes le philosophe cherche à répandre ses idées, à les faire partager mais il accepte la critique, le dialogue. Il ne fait pas de discours. Un philosophe qui fait de la propagande n'est plus un philosophe.
Il y a donc tout à gagner à unir les philosophes et les souverains. On remarquera que l'idéal kantien est ici conforme à la philosophie des Lumières. C'est dans ce siècle où Kant écrit que Frédéric II invite Voltaire à Sans Soucis et que Catherine II de Russie correspond avec Voltaire et Diderot. C'est l'époque de ce qu'on appelle le "despotisme éclairé" où les rois eux-mêmes prétendent chercher chez les philosophes des "lumières pour leurs affaires". On remarquera que Kant étend le propos aux démocraties.
Ceci dit, si en démocratie la liberté philosophique est à peu près respectée (avec des nuances : c'est dans une démocratie que Socrate sera condamné), il est clair que les rois ne laissent pas toujours les philosophes parler. Le premier acte des dictateurs est souvent d'interdire la philosophie ou son enseignement et le despotisme éclairé n'a pas été sans échecs. Est-ce à dire que le pouvoir soit à ce point corrupteur que les souverains ne voient plus leur intérêt ? N'est-ce pas plutôt leur intérêt lui-même qui n'est pas conforme à la raison ? Ce texte exprime un idéal de justice. Si les philosophes ne représentent pas un danger pour la justice, ils en représentent bien un pour les tyrans qu'ils démasquent. Ce texte est un appel à plus de raison en faveur d'une liberté philosophique que les autorités du temps (et d'autres temps ) n'ont pas toujours respectée. C'est aussi un appel à une politique plus juste et raisonnable.

Organisation du commentaire

Exemple d'introduction :
Dans la République, Platon développe la théorie du philosophe roi. A ses yeux la société sera juste lorsque les rois seront philosophes ou lorsque les philosophes seront rois. Pourtant, malgré ses efforts, cet idéal ne s'est jamais réalisé. Platon ne s'est-il pas trompé sur ce qui est souhaitable en politique ? C'est en tout cas ce que pense Kant qui pose plus généralement cette question : quelle est la fonction politique du philosophe ? Après avoir montré le caractère non seulement utopique mais même préjudiciable de la théorie platonicienne, Kant précise le rôle éclairant des philosophes pour le pouvoir s'il veut être juste.

Proposition de plan :

I Ce que n'est pas le rôle politique du philosophe

  1. Le roi ne peut devenir philosophe
  2. Le philosophe ne peut devenir roi
  3. Le philosophe ne doit pas devenir roi - opposition à la thèse platonicienne. Pessimisme kantien sur le rôle corrupteur du pouvoir.

II Ce qu'est le rôle politique du philosophe

  1. Le philosophe éclaire le politique
  2. La philosophie est inoffensive pour les rois justes
  3. Kant et la philosophie des Lumières - La question du despotisme éclairé, de l'idéal de justice

A ce niveau du travail, il reste bien sûr à rédiger le commentaire. On remarquera que l'intérêt philosophique du texte est dégagé à la fin de chacune des deux parties. Il importe d'en faire précisément le bilan en conclusion :

Exemple de conclusion:
Kant nous explique dans ce texte pourquoi l'idéal platonicien est utopique. Les philosophes n'ont pas pour rôle de gouverner mais seulement d'éclairer le débat politique en démocratie comme en monarchie. Fidèle à la philosophie des Lumières, il appelle les gouvernements à laisser la liberté de philosopher c'est-à-dire la liberté de penser et de s'exprimer. Les gouvernements se trompent sur leur intérêt quand ils interdisent la réflexion. Un mauvais pouvoir finit par être renversé. Il est donc souhaitable pour tous que la cité laisse place au débat d'idées. Mais, parce que la politique concerne d'abord l'action, le philosophe ne gouvernera pas. Kant défend ici la position de l'idéologue qui, sans exercer le pouvoir a le devoir de s'y intéresser en tant qu'il est aussi un citoyen, et l'utilité politique de la philosophie qui, loin de nuire, est en réalité indispensable.

source : 

http://sos.philosophie.free.fr/philokan.htm

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