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Tout problème n'est pas philosophique ! Ainsi, je peux bien rencontrer un problème pour stationner en ville : c'est bien "embarrassant", mais il s'agit d'un problème purement "pratique" - qui n'a bien sûr rien à voir avec un problème philosophique. Bien évidemment aussi, on ne saurait confondre problème philosophique et problème scientifique... Ce n'est pas toujours facile comme on le croit, mais si on y parvient, dans un cas comme dans l'autre, c'est bien entendu parce qu'on aura pu se mettre d'accord sur ce qu'est la philosophie, par exemple la recherche de la sagesse, l'interrogation sur les principes fondateurs de la connaissance ou de l'action...
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Si le problème est bien ce qui fait que la question est embarrassante, alors, pour formuler un problème, il suffit d'expliciter ce qu'il y a d'embarrassant dans la question et qui fait que la réponse ne peut pas être immédiate, simple, ou, comme on dit, "évidente".
Or, qu'est-ce qui est embarrassant ? De pouvoir choisir facilement "oui" ou "non" ? Certainement pas !
Donc, ce qui est embarrassant, c'est de ne pouvoir répondre facilement, ni par "oui" ni par "non" ! En d'autres termes, ce qui est "problématique", c'est L'EMBARRAS DU CHOIX : deux réponses (=deux thèses) semblent également vraies, alors même qu'elles sont incompatibles, et que l'on peut à priori penser que la "bonne réponse" est nécessairement l'une des deux.
Comment choisir, en effet, si les deux thèses paraissent aussi vraies l'une que l'autre... alors qu'elles se contredisent ?
Un exemple : Le fanatisme, amour ou peur de la vérité ? ...Si le fanatique n'aimait pas la vérité, s'il n'entretenait pas avec elle ce rapport amoureux, jusqu'à l'aveuglement, on rendrait difficilement compte de la passion qui l'anime de toute évidence : un être sans aucun rapport à la vérité (un animal par exemple) ne saurait être fanatique. Mais s'il ne craignait pas la vérité, autrement dit s'il l'aimait vraiment, pourquoi n'accepterait-il pas de discuter de ce qui lui tient tellement à coeur ? L'alternative, ici très explicitement indiquée dans la question (amour OU peur), semble donc indécidable. Le fanatique, qui est sincère, semble aimer passionnément la vérité, mais son refus de la discussion, son absence d'esprit critique semblent bien plutôt évoquer la crainte d'être remis en question : n'est-ce pas le signe qu'il craint la vérité au plus haut point, et peut-être même la vérité plus que tout ?
Vous trouverez d'autres exemples de découverte du problème dans la version détaillée du présent document.
Mais vous remarquerez déjà que la formulation du problème permet aussi d'entrevoir l'enjeu de la question : celle-ci a beau porter sur le fanatisme, ce qui est en cause, c'est bien notre rapport à la vérité, que nous soyons "fanatiques" ou non... Il s'agit bien d'un sujet philosophique, dans cette mesure même : car ce que ce sujet implique, en fait, c'est de déterminer quelle est l'attitude sage à l'égard de la vérité. Le fanatique est un fou, si l'on veut. Pourtant, il aime la vérité... Est-il sage, alors, de n'aimer pas le vrai ? Cela paraît invraisemblable : qu'est-ce donc qu'aimer le vrai philosophiquement ?
Nous reviendrons sur ces notions de problème et d'enjeu philosophiques, de façon plus précise, dans les pages consacrées à la dissertation et au commentaire de texte.
source : http://philia.online.fr/demarches/probleme.php
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