Dans sa dynamique réflexive, la philosophie analyse les contradictions et les paradoxes (contre l’opinion), mais les crée également dans le but de surprendre, d’ébranler, voire même de bouleverser la pensée bienséante. Les paradoxes invitent à la méditation susceptible de déconstruire progressivement les évidences, les présupposés solides. Les paradoxes ont le pouvoir d’ébranler les certitudes invitant le lecteur à s’engager vers de nouvelles pistes de recherche permettant de complexifier, de peaufiner, de préciser, et parfois détruire certaines idées.
Voici quelques paradoxes saisissants éclairant de nouvelles perspectives.
« Pour apprendre, il faut déjà savoir » disait Socrate. Alors pourquoi apprendre, alors que l’on sait déjà ?
« L’homme est condamné à être libre » paradoxe de Sartre.
« L’homme est condamné à être libre » dira Sartre. Comment peut-on parler de condamnation, de sanction pour la liberté alors que celle-ci représente le rêve de tout un chacun ? Comment peut-on sanctionner l’Homme à son rêve, ou son désir le plus cher ?
Ici, Sartre responsabilise totalement l’homme dans ses choix. Condamné à être libre signifie que l’on ne peut reporter la faute sur autrui lorsqu’on agit. L’homme doit répondre de ses actes quels qu’ils soient. Ses actes sont le témoignage de sa liberté .
« Moins on sent, plus on fait sentir » dira Diderot à propos du comédien. Comment est-il possible de transmettre une émotion, une joie, un sentiment d’amour si on ne se met pas dans la « peau du personnage » ?
Ici Diderot considère qu’un bon comédien est capable d’instrumentaliser son corps de manière à imiter la joie alors qu’il n’est pas gai, la tristesse alors qu’il n’est pas triste, etc… Froid , il calcule, manipule son corps pour faire vivre au public des sensations.
II / Entraînement
L’exercice philosophique récurent consiste à voir ou créer un ou des « para-doxes » à la lecture de questions ou propositions qui peuvent sembler anodines.
Quel paradoxe peut-on trouver à la question : « Savons-nous toujours ce que nous désirons ? »
Pour trouver un paradoxe il est judicieux de trouver une base sur laquelle il repose.
La doxa : l’opinion
Nous savons toujours ce que nous désirons sinon, nous ne le désirerions pas. En sachant ce que je désire, je peux mettre en œuvre des actes pour obtenir l’objet de désir. Dans la conscience de mon désir de tel objet, j’agis de manière à l’obtenir.
Para-doxa : contre cette opinion
Le savoir (savons) relève du domaine de la connaissance, d’un résultat stable et rationnel.
Le désir que témoignent les passions, les envies, les souhaits, les manques etc… relève d’une attirance, d’une tension, d’une attraction pour un objet de désir. Le désir est donc instable, imprévisible et l’objet de désir peut être inconnu.
Comment savoir ce qui est imprévisible, ce qui ne relève pas de la connaissance, mais de l’inconnu ?
Comment pouvons-nous connaître au préalable ce qui est par définition inconnu (objet de désir) ?
A ton tour de trouver des paradoxes aux énoncés suivants :
Je mens.
Il est interdit d’interdire !
Sois libre !
« Je sais que je ne sais rien » disait Socrate.
Je vous ordonne de désobéir !
Les paradoxes socratiques représentent un beau ferment de réflexion dont voici un des plus éloquents : « Qu’est-ce que craindre la mort, si ce n’est prétendre détenir un savoir que l’on n’a pas ? » L’Apologie de Socrate [28 b à 30 d] de Platon.
Dans son œuvre les monstres sacrés, Cocteau ira jusqu’à dire « Paradoxe ! Quand la vérité sort, c’est le nom qu’elle porte ! »
source : https://soutien.profexpress.com/paradoxe/:
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