La démocratie est un régime dangereux. Elle donne un pouvoir et une liberté excessifs au peuple, dont les désirs irrationnels et impulsifs risquent de faire se dissoudre l’ordre social dans la violence. Platon critique plus particulièrement la démocratie d’Athènes en menant dans La République une enquête sur la notion de justice afin de trouver le meilleur régime possible pour l’accomplir.
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La démocratie s’appuie sur la bêtise du peuple. En effet, la préférence pour ce régime a pour base logique l’idée que le peuple puisse prendre de bonnes décisions. Or, la connaissance du vrai et l’expérience sont pour cela nécessaires. Ces deux qualités sont l’apanage du seul philosophe armé de sa raison, et non pas du peuple, animé par l’apparence, le préjugé et la passion. C’est pourquoi la démocratie étend le domaine de la démagogie : les plus bas instincts du peuple sont flattés par la parole du démagogue, identifié par Platon comme un sophiste, un servant dévoué et systématique du mode dégradé de connaissance que constitue l’opinion, c’est-à-dire la connaissance des apparences, qui est le mode de connaissance de la foule. Le philosophe compare la foule démocratique à un « gros animal » dont la dangerosité fait passer les désirs pour des nécessités vraies aux yeux de son soigneur : « tel est exactement celui qui croit pouvoir regarder comme constituant la sagesse les aversions et les goûts d’une multitude assemblée d’éléments disparates (…). Or si quelqu’un a commerce avec la multitude (…), s’il prend la multitude comme maître en dehors du domaine des choses nécessaires, une nécessité d’airain lui fera faire ce que la multitude approuve » (La République). De surcroît, la concurrence entre les candidats alimente une surenchère de promesses qui rend impossible la rationalité nécessaire à la justice dans la Cité.
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La démocratie source d’injustice et d’anarchie pour Platon
La démocratie ne permet pas d’accomplir la justice. En effet, la structure d’une société bien constituée doit correspondre à la division quadripartite des vertus de l’âme (prudence, courage, tempérance, justice), si bien qu’elle présenterait trois catégories de citoyens : les gardiens (gouvernants), les auxiliaires (guerriers) et les producteurs (tous les autres). L’État est prudent et sage grâce aux gardiens, courageux grâce aux auxiliaires, et tempérant grâce à la domination de la minorité vertueuse. Ainsi, la justice réside dans l’harmonie des parties de la Cité, en conclut Platon. Or, cette conception est incompatible avec le modèle de société dont s’accompagne la démocratie. L’homme démocratique n’est pas animé par les vertus de la justice intérieure, car il confond les désirs superflus et les désirs nécessaires. Il souhaite dès lors être l’égal de son prochain en dépit des inégalités de nature. « C’est (…), écrit le philosophe à propos de la démocratie, un gouvernement très agréable, où personne n’est le maître, d’une bigarrure charmante, et où l’égalité règne entre les choses inégales comme entre les choses égales » (La République). Ainsi, le peuple démocratique met en place une égalité arithmétique (la même chose pour chacun), tandis que la théorie de Platon prône une égalité géométrique (à chacun selon son mérite) qui suppose une hiérarchisation de la société sous la direction des philosophes-rois.
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La démocratie mène au désordre. Ce régime visant la liberté de tous, il n’imposerait pas les règles précises que requiert la vie en société, et il tendrait donc à laisser s’épanouir la licence. Il devient alors un « bazar de constitutions » où chacun se sent libre de faire ce qu’il entend : il obéit s’il le veut bien, fait la guerre si l’envie lui prend, etc. « N’est-il pas inévitable, écrit Platon, que dans une pareille cité l’esprit de liberté s’étende à tout ? Qu’il pénètre dans l’intérieur des familles, et qu’à la fin, l’anarchie gagne jusqu’aux animaux ? Que le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre, que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque, et l’étranger pareillement. (…) Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? » (La République, livre XIII). La démocratie décuplant les discordes et les dissensions, le peuple en arrive en dernière instance à confier le pouvoir à un tyran pour empêcher la guerre civile. Elle constitue donc, pour Platon, un excès de liberté qui entraîne, comme une violente réaction, un nécessaire excès de servitude.
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source :
https://1000-idees-de-culture-generale.fr/democratie-platon/
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