Les deux sources de la morale expliquent l’hétérogénéité des relations humaines. Bergson interroge dans Les Deux Sources de la morale et de la religion les fondements des diverses obligations que l’homme ressent à l’égard de ses semblables. Il analyse plus précisément comment la force des relations restreintes (familiales et concitoyennes) pourrait être rendue universelle.
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Les deux sources de la morale créent une forme d’obligation. Celle-ci se distingue de la nécessité, car elle laisse place à l’intelligence, tandis que celle-là appartient à la nature instinctive des animaux. Autrement dit, le principe d’obligation implique la capacité de choisir, et partant d’être libre. Bergson éclaire cette thèse dans le détail à la lumière de trois propriétés. En premier lieu, l’obligation relève de l’instinct de l’homme. Deuxièmement, le principe d’obligation est possible parce que l’homme est intelligent – s’il ne l’était pas, la nature aurait alors recours au principe instinctif de la nécessité. L’obligation se trouve donc au fond de la conscience individuelle : « Il est nécessaire qu’il y ait des obligations, affirme Bergson. […] L’obligation envisagée comme […] simple forme, sans matière […] est ce qu’il y a d’irréductible, et de toujours présent encore, dans notre nature morale » (Les Deux Sources de la morale et de la religion). Enfin, c’est également l’intelligence humaine qui est à l’origine du penchant naturel de l’homme à vivre en société, et par conséquent à devenir un être d’obligation. Bergson en conclut que la fonction de l’obligation de sauvegarder la cohésion sociale, car elle « nous lie aux autres membres de la société ».
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Bergson voit les deux sources de la morale dans deux types de société
Les deux sources de la morale distinguent d’abord la morale des société closes. Celle-ci crée entre les individus une obligation reposant sur la proximité et la ressemblance, comme celle liant les membres d’une même famille ou les citoyens d’une même nation. En effet, si l’homme ressent spontanément une solidarité à l’égard de son frère, de son cousin ou de son concitoyen, les étrangers sont eux exclus du champ de ce phénomène. « Aujourd’hui encore, constate Bergson, nous aimons naturellement et directement nos parents et nos concitoyens. Tandis que l’amour de l’humanité est indirect et acquis. A ceux-là nous allons tout droit, à celle-ci nous ne venons que par un détour » (Les Deux Sources de la morale et de la religion). Ainsi, le ressort de la cohésion sociale réside dans l’hostilité à l’encontre d’hommes extérieurs à la collectivité, désignés comme des ennemis. La morale close s’exerce plus précisément grâce à des automatismes nés de la dépendance de l’individu à l’égard du groupe. L’importance de celui-ci dans la préservation des intérêts individuels entraîne la sélection des comportements qui lui sont les plus favorables. Telle est la pression collective (familiale ou sociale) enjoignant chaque membre à faire ses devoirs. La morale close ne résulte donc pas d’une initiative individuelle authentique, mais d’une contrainte collective impersonnelle.
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Les deux sources de la morale distinguent ensuite la morale des sociétés ouvertes. Celle-ci vise à élargir la morale close en faisant de chacun « le prochain » de son semblable, c’est-à-dire à créer une obligation qui lie tous les hommes indépendamment de leurs appartenances nationales ou ethniques. De tout temps, dans toute société, des hommes exceptionnels (sages, héros, saints, etc.) ont incarné cette forme de morale absolue qui n’appartient pas au domaine de l’instinct, mais à celui de l’émotion. Pour Bergson, « le héros archétype de cette morale ouverte est Socrate […] qui communique son élan à ses disciples à un niveau “supra-intellectuel”, qui est “aspiration, intuition et émotion” » (Les Deux Sources de la morale et de la religion). La morale ouverte influence les hommes et les attire à elle : elle est comme un appel lancé à travers la voix des grands mystiques, grâce à laquelle elle se répand chez tous les hommes capables de répondre à cet appel. Bergson souligne que le judéo-christianisme et la philosophie ont contribué à fonder et propager cette morale en fournissant aux hommes un moyen universel d’identification. Le monothéisme permet en effet de surmonter la dispersion de l’humanité en la plaçant sous une filiation commune : un seul Dieu est le créateur commun à toute l’humanité et à toute chose. La philosophie, quant à elle, caractérise l’homme par une faculté commune à toute l’humanité, la raison.
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source: https://1000-idees-de-culture-generale.fr/deux-sources-morale-bergson/
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