Le Cogito est le raccourci pour Cogito ergo sum. Cette expression latine signifiant « je pense donc je suis » est employée par Descartes dans le Discours de la méthode, où elle témoigne de l’ambition du philosophe d’atteindre des vérités indubitables. De manière plus générale, elle s’inscrit également dans le grand mouvement historique, commençant à la Renaissance, d’émergence de l’individu dans toutes les dimensions de la culture.
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Le Cogito naît du projet cartésien d’abolition des certitudes. Descartes entreprend en effet de faire table rase de ses idées préconçues en leur appliquant un scepticisme radical : seul doit demeurer ce qu’il peut tenir pour absolument certain. Tel est l’objet de sa méditation, une introspection rigoureuse pratiquée dans la solitude. Le Cogito est donc, de ce point de vue, le résultat d’une expérience philosophique, d’un exercice spirituel particulier consistant à douter de tout en partant du principe que ce qui ne résiste pas au doute ne mérite pas d’être considéré comme vrai. Lorsque vient, une fois la plupart des certitudes abolies, le moment de mesurer le doute aux mathématiques, Descartes aboutit à l’hypothèse du malin génie, selon laquelle la réalité perçue pourrait très bien être un rêve orchestré par une divinité. « Mais qu’est-ce donc que je suis, se demande le philosophe ? une chose qui pense. Qu’est-ce qu’une chose qui pense ? c’est une chose qui doute, qui entend, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent » (Discours de la méthode). Une inébranlable certitude surgit alors contre toute attente : je ne peux pas logiquement douter que je suis en train de douter. Dès lors, la réalité de sa propre pensée doit s’imposer au sujet comme une évidence absolue.
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Le Cogito de Descartes est la certitude qui fonde la connaissance
Le Cogito exprime la certitude du sujet comme chose pensante. Il est d’une part l’affirmation d’une existence. Au moment où le sujet pense, en effet, il se sent exister. Cette dimension existentielle du Cogito n’est pas le fruit de la déduction ou de la démonstration. Le Cogito est d’autre part l’affirmation d’une essence. En ayant douté, par hypothèse, de l’existence de son corps et de celle du monde, Descartes n’est pourtant pas parvenu à abolir son être. Par conséquent, la suspension de la certitude sensible donne la preuve d’une essence liée à la pensée : « Je connus de là, écrit Descartes, que j’étais une substance dont toute l’essence ou la nature n’est que de penser, et qui, pour être, n’a besoin d’aucun lieu, ni ne dépend d’aucune chose matérielle » (Discours de la méthode). Le Cogito signifie donc que le sujet est une substance pensante qui ne dépend pas d’autre chose que d’elle-même pour exister – cette définition implique nécessairement le dualisme de l’âme et du corps, de l’esprit et de la matière. Enfin, le Cogito montre aussi que la conscience est transparente à elle-même : le sujet pensant a l’intuition de lui-même parce que sa pensée et l’idée de sa pensée sont une seule et même chose. En mettant ainsi en évidence la dimension universelle de la subjectivité, Descartes a placé la conscience au fondement de la connaissance.
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Le Cogito rend possible le raisonnement méthodique de Descartes. Unique rempart contre le doute, il constitue en effet la première idée claire et distincte à partir de laquelle la pensée peut être construite. Ce faisant, il garantit l’établissement d’un jugement indubitable du moment que le raisonnement progresse avec une méthode méticuleuse. Pour être rigoureuse, celle-ci doit être une suite de termes ordonnés de telle manière que le suivant dépende du précédent. Sa première règle est de ne s’appuyer que sur l’évidence véritable, comme le Cogito : il faut se prémunir contre les deux tendances spontanées de l’esprit humain que sont l’adhésion au préjugé et la précipitation. « Le premier [précepte], écrit Descartes, était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle : c’est-à-dire d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention ; et de ne comprendre rien de plus en mes jugements, que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement que je n’eusse aucune occasion de la mettre en doute » (Discours de la méthode). Par ses implications, le Cogito sert ainsi de fondement à la science. En séparant théoriquement la réalité matérielle de la réalité spirituelle, Descartes impose le modèle mécanique comme modèle de compréhension des phénomènes matériels. Ce fondement permet d’éviter les confusions consistant à projeter naïvement sur la matière des opérations de nature psychique.
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source : https://1000-idees-de-culture-generale.fr/cogito-descartes/
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