Monaco EDUCATION nice-matin Jeudi 10 mai 2018
Dans le prolongement de la Journée internationale de la liberté de la presse, une classe du lycée Albert-Ier a été encouragée, par son professeur de philo, à réfléchir sur la liberté d’expression
Dans le cours de philo, tandis que les uns font leur exposé, les autres sont « les contradicteurs ». Et chacun s’exprime… librement ! Libres de prendre la parole, libres d’apporter la contradiction, libres de poser des questions quitte à « coller » ses camarades…
Dans la classe de Frédéric Grolleau, professeur de philosophie au lycée Albert-I, également directeur de rédaction du site lelitteraire.com, à l’heure où l’on imagine facilement les lycéens quelque peu abattus par une journée commencée tôt, le cours est animé ; plutôt vif, même.
Un cours où six élèves présentaient mardi, entre 16 h et 17 h, l’exposé élaboré durant les vacances de printemps sur le journalisme, quelques jours seulement après le 3 mai, Journée internationale de la liberté de la presse.
« L’information est le moteur d’une société libre. Cependant, il existe des limites qui ne peuvent pas être dépassées : la diffamation, l’injure, le racisme sont interdits par des lois et des codes moraux.»
L’expression de la démocratie
On pensait assister à une heure de débat sur le réseau social le plus populaire. Loin s’en faut ! Il fut bien plutôt question de journaux, de l’ Humanité à Monaco-Matin, en passant par Le Canard enchaîné ou Charlie Hebdo, avec même un hommage discret aux journalistes victimes de l’acte terroriste du 7 janvier 2015 à Paris.
Et les lycéens d’être d’emblée portés à s’intéresser aux modes de transmission de l’information et à évoquer la profession de journaliste qu’ils ont décortiquée sans jamais dénigrer.
Une discussion qui provoque l’intérêt dans les rangs de la classe avec un professeur agissant en modérateur bienveillant.
Il fut question de censure, de démocratie, de respect de l’autre, de diffamation, d’injures, d’esprit critique… avec le mythe de la caverne de Platon en toile de fond. Car les élèves en sont convaincus : « Journalisme et philosophie sont très liés. »
L’esprit critique du lecteur
Mais l’esprit critique, les jeunes veulent l’exercer eux, en tant que lecteurs. C’est en tout cas ce qu’expriment spontanément les jeunes de l’auditoire quand leurs six camarades sont, quant à eux, plus nuancés. « Les journalistes doivent rester neutres. À nous de nous faire une opinion. »
Des faits, rien que des faits, réclament-ils.
Et ils savent dorénavant que s’ils ne sont pas satisfaits d’un article qui les concerne, ils peuvent réclamer un droit de réponse…
C’est eux qui le disent
■ « En l’absence de liberté de la presse, la démocratie n’existerait pas. En effet, il n’y aurait pas de contradiction, pas de vision critique qui seraient publiées : ce qui revient à la formation d’une idéologie unique : une dictature. »
■ « Dans un monde utopique, l’objectivité et la neutralité du journaliste seraient idéales. »
■ « Le journaliste est parfois une entité héroïque, qui se démarque par son courage et son implication. C’est le cas de ceux qui cherchent la vérité jusqu’à la fin au détriment de leur vie. En 2017, 46 journalistes ont été tués. Nous remercions ces journalistes pour le travail effectué. »
■ « Un journaliste comme un philosophe est toujours à la quête de la vérité. Ces deux entités cherchent à donner un sens à notre monde à travers la recherche et le savoir. »
■ « L’accroissement des médias virtuels favorise le développement des “fake news”, ce qui entraîne une certaine confusion médiatique. La presse reste encore l’outil le plus fiable d’information. »
■ « Le rôle majeur de la presse est celui d’informer le public à travers des articles spécialisés (sur les progrès scientifiques ou les innovations culturelles, par exemple) et en informant les lecteurs sur l’actualité.Le divertissement est aussi une dimension à prendre en compte dans la presse (magazine). »
JOËLLE DEVIRAS
jdeviras@monacomatin.mc
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