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"Black Mirror & lomepal : Peut on torturer sans sentir de culpabilité ?" -1- (exposé)

Publié le 20 Mai 2018, 08:57am

Catégories : #Philo (exposés)

"Black Mirror & lomepal : Peut on torturer sans sentir de culpabilité ?" -1-  (exposé)

Proposition de traitement par Mlle Olga Karina Cohen, lycée Albert-Ier de Monaco, 1eES1, mai 2018.

Introduction

"Homo homini lupus est", est un dicton latin qui signifie que l’homme est un loup pour l’homme et même si c’est très abstrait comme phrase, son sens est plus simple que l’on ne croit et vous connaissez déjà surement sa signification qui est l'homme est le pire ennemi de son semblable, ou de sa propre espèce, ce qui complique les relations de culpabilité et de compassions chez les hommes.

Le dramaturge romain, Plaute fut le premier à utiliser la citation dans sa comédie Asinaria La Comédie des  ânes”, écrite vers 195 av. J.-C : « Lupus est homo homini, non homo, quom qualis sit non novit » « Quand on ne le connaît pas, l'homme est un loup pour l'homme ».

Avec cette phrase, Plaute formule sa signification initiale qui constate que l’homme prend pour loup l’homme qu’il ne connait pas. Ce qui fait allusion au fait que l’homme est décrit en ayant une peur de l’inconnu et non pas de la violence chez les hommes.

Cependant, elle fut tellement reprise et reformulée qu’elle incarne, maintenant, non seulement cette même violence humaine mais aussi rappelle que l’homme n’est qu’un animal et que son instinct est naturellement agressif et féroce. Reprise par Montaigne, philosophe français, dans les Essais et par Sigmund Freud, neurologiste et patriarche de la psycho-analyse, dans Malaise dans la civilisation, la citation change de sens et  évoque le penchant naturel de l'homme à l'agression, rendant donc impossible le précepte de la tolérance et de l’amour de son prochain que les Lumières ont tant prêché.

Freud rajoutera plus tard que pour lui l’homme, dès la naissance, est doté d’une forte somme d’agressivité” ce qui explique qu’infliger de la douleur par la torture est primitif.

 Problématique : Peut on torturer sans sentir de culpabilité? 

Pour pouvoir avoir une notion de ce sujet il faut s’interroger sur la définition de ces mots dont nous connaissons une signification beaucoup trop vague :

La Torture est une souffrance physique ou mentale intense infligée à quelqu'un. Elle est exercée notamment à l'encontre des personnes dont on veut obtenir des aveux. La torture peut être auto-infligée comme la flagellation qui permet aux fervents chrétiens d'expier leurs péchés mais, ici, nous parlerons de la souffrance psychologique et physique infligée à autrui dans des buts très particuliers que nous verrons par la suite.

Culpabilité

Pour pouvoir définir la culpabilité, il faudrait d’abord établir ce qui rend quelqu’un coupable mais cela est un sujet beaucoup trop large pour l'inclure dans celui-ci donc définissons pour cet exposé que ce qui rend quelqu’un coupable c’est qu’il a commis le crime dont il est accusé.

En terme général, la culpabilité est le sentiment d’être dans le tort ou d’avoir enfreint une réglementation, elle peut être fantasmée ou réelle. Elle se traduit chez l’homme par une forte angoisse et une tendance de s’auto-accuser.

Sentiments

Les sentiments, en philosophie, se définissent comme tout ce que nous ressentons, en particulier les émotions de faible intensité et les passions, ainsi que les inclinations générales de l’homme (sentiment moral, admiration, …). La moralité des sentiments est un sujet complètement différent mais qui mérite quelques mots pour une compréhension plus approfondie. La morale du sentiment n’est pas universellement vraie mais elle fait partie d’un raisonnement différent de celui du devoir et peut se rendre utile lorsque nous sommes confrontés à une situation où l’homme nécessiterait de définir ce qui est juste pour sa propre personne et non pas un ensemble.

 

Plan

I- CULPABILITÉ (Black Mirror/White Bear)

a) La compassion (téléspectateur)

b) Culpabilité de l’innocent (fantasme)

c) Culpabilité du coupable (réelle)

 

II-  CULPABILITÉ ÉQUILIBRÉE PAR LA RÉCOMPENSE (PAL PAL)

a) Divertissement (public)

b) Argent (compétiteurs)

c) Gloire (lomepal)

 

III- SANS CULPABILITÉ (Vietnam + public PAL PAL et Black Mirror)

a) desinviduation

b) Le rejet (Vietnam vétérans)

c) Sociopathe

 

Enjeu  : La compassion existe-t-elle réellement? Dans quelles circonstances ? Peut-on vraiment compter sur le “bon” chez l’homme ? Qu’est-ce qui fait de la culpabilité un sentiment essentiel aux décisions humaines? Et la compassion? L’Homme est-t-il un être déraisonnable ?

 

 

 1) CULPABILITÉ (White Bear) 

La compassion est surement une des seuls choses qui empêcherait l’homme de torturer. De voir l’agonie dans les yeux d’autrui devrait suffire pour que un bon saint maritain se sentent obliger de venir à sa rescousse. Arthur Schopenhauer, philosophe allemand dit “La compassion absolue pour tous les êtres vivants est la garantie la plus sûre et la plus certaine d'une conduite morale pure, (…) Quiconque en est rempli ne blesse assurément personne, ne fait de mal à personne, n'empiète sur les droits d'aucun homme;(…)” dans Partie II, Ch. VI, pp94-95 de son oeuvre “Fondements de la morale Ueber die Grundlage der Mora

Pour lui, contrairement à Freud, l’homme a un “bon” penchant et c’est ce coté divin qui le mène à faire des décisions estimées bonnes.

Une action qui serais fondée sur la pitié ou empathie exprimée par Schopenhauer, ou l’inspiration du coeur décrite par l’écrivain français JJRousseau, ou bien la sympathie démontrée par philosophe anthropologue allemand Max Scheller ou même l’amour, sentiment explicité par philosophe français Henri-Louis Bergson s’opposerais à une action rationnelle ou formelle qui suivrais celle de Kant. Immanuel Kant, philosophe allemand, centre de la philosophie moderne, préconise d’agir “par principe”, quel que soit le sentiment que nous ressentons par exemple, on aidera autrui par devoir et non par pitié, la décision en sera plus ferme et rationnelle.

Selon cette définition de la notion d’action morale, Schopenhauer se situe dans la morale irrationnelle, avec ce sentiment de compassion.  Dans l’exemple qui suit c’est le téléspectateur de la série qui est atteint de cette compassion.

 

Culpabilité de l’innocent, FANTASME (elle avant)

 

 

Black Mirror est une série britannique diffusée premièrement en 2011 créée par Charlie Brooker. Elle obtient un succès énorme comptant une double inscription BAFTA et un Emmy Award ainsi qu’un Golden Rose Award. La série présente plusieurs dystopies liées à des avancées technologiques exagérées. Le « Black Mirror » du titre faisant référence aux écrans technologiques (iPhone) omniprésents qui nous renvoient notre reflet. Sous un angle noir et souvent satirique, la série envisage un futur proche, voire immédiat. Elle interroge les conséquences inattendues que pourraient avoir les nouvelles technologies, et comment ces dernières influent sur la nature humaine de ses utilisateurs et inversement1.

Le deuxième épisode de la seconde saison est White Bear.

Une femme se réveille, amnésique, dans une petite ville anglaise où tous des habitants la filment avec leurs smartphones pendant que un groupe de ce que semble être des chasseurs la poursuivent, vêtus de costumes et de masques cauchemardesques, dans le but de la tuer, la raison n’est que connue à la fin et c’est ce qui fait de cet femme un exemple avec une dualité d’interprétation qui se sépare entre le fantasme c’est à dire la culpabilité de l’innocent et ensuite la culpabilité du coupable qui est une culpabilité réelle.

White Bear discute l'éthique de la torture et des l'inquiétantes méthodes de punition que la technologie peut nous offrir. Le début de chaque journée Victoria se réveille dans une pièce sans se souvenir de qui elle est ou de ce qu'elle fait là. Pendant les 27 minutes de l'épisode, nous ignorons complètement ce qui s'est passé avant qu'elle ne se réveille ce matin, soit environ les deux tiers de la durée de l'épisode en réfléchissant sur l’épisode. Victoria sera incité à découvrir un lieu qui s’appelle White Bear outpost, tout en fuyant la masse de gens qui la poursuivent avec leur téléphones, et des chasseurs qui essaient de la tuer.

Le spectateur la suit dans cette aventure et la voit évoluer, créant un lien de compassion et d’empathie pour cette femme qui souffre. le spectateur commence a voir des images d’une jeune fille à travers la mémoire de Victoria car celle ci pense que c’est sa fille et se rappelle que celle ci est morte tout comme le mari de victoria. La protagoniste commence à se sentir coupable du meurtre de sa prétendue fille que nous apprendrons plus tard s’appelle Jemima même si elle est certaine qu’elle n’aurais jamais tué son propre enfant. Cette culpabilité est construite sur ses mémoires que nous apprendrons plus tard dans l’épisode sont fausses, c’est un fantasme.

Cependant, sa culpabilité provient d’un instinct profond de sa personne qui se rappelle de la vérité de l’histoire de Jemima. Elle est torturée par sa propre angoisse et culpabilité.

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