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Symbolique et représentation dans "Le petit chaperon rouge"

Publié le 16 Février 2018, 13:25pm

Catégories : #Philo & Cinéma, #Philo (exposés)

Symbolique et représentation dans "Le petit chaperon rouge"

Proposition d'exposé par Mlle Yelena Kostic, Lycée Albert Ier de Monaco, 1°L1, février 2018.

 

Sommaire 

Je vais faire mon exposé en deux partie : d’une part je vais me poser la question de la puberté dans ce conte avec la question du désir et de la sexualité puis celle d’autrui. Ensuite  je vais parler des déviances sexuelles avec la question de viol et de pédophilie et l’inceste avec la problématique œdipienne.

Problématique 

Que représente et symbolise le personnage du petit chaperon rouge ?

Pour répondre à cette problématique je me suis appuyée sur trois versions du petit chaperon rouge :

Le conte de Charles Perrault (je résume l’histoire), le conte des frère Grimm, qui est le conte le plus connu car c’est celui qui comporte la fin heureuse (je résume l’histoire avec le chasseur qui vient ouvrir le ventre du loup et délivrer la grand-mère et le petit chaperon rouge) et enfin le film « Le chaperon rouge » de  Catherine Hardwicke qui est sorti en 2011 et dont vous imaginez bien qu’il n’a plus grand-chose à voir avec le conte original ; cependant il y a quelque points importants dont je vais parler par la suite.

---> bande annonce du film pour que vous puissiez vous mettre dans le contexte.

 

I -  La question de la puberté dans ce conte

Puberté vient du latin pubertas-atis . La puberté est la période de transition entre l'enfance et l'adolescence, caractérisée par le développement des caractères sexuels et par une accélération de la croissance staturale, et conduisant à l'acquisition des fonctions de reproduction.
Ici, pour le petit chaperon rouge, la première chose nous rappelant la puberté est le chaperon rouge qu’elle porte, en effet ce chaperon rappelle les menstruations de la fille qui devient une femme. Mais nous avons aussi dans ce conte le symbole du désir et de la sexualité à travers la petite fille.
Tout au long du conte et même dans le surnom de l’héroïne, la couleur rouge à son importance. La couleur n’est pas juste mentionnée, elle est arborée par l’enfant qui ne porte plus que cela, on le voit dans l’extrait des frère Grimm : "Il était une fois une adorable petite fille que tout le monde aimait rien qu’à la voir, et plus que tous, sa grand-mère, qui ne savait que faire ni que donner comme cadeaux à l’enfant. Une fois, elle lui donna un petit chaperon de velours rouge et la fillette le trouva si joli, il lui allait si bien, qu’elle ne voulut plus porter autre chose et qu’on ne l’appela plus que le Petit Chaperon rouge. "

 

Bettelheim nous explique alors dans sa Psychanalyse des contes de fées  (1976) :  « le rouge est la couleur qui symbolise les émotions violentes et particulièrement celles qui relève de la sexualité ». Nous pouvons nous dire qu’ici le bonnet de velours rouge offert par la grand-mère symbolise le transfert prématuré du pouvoir de séduction. Quand je dis prématuré, je m’explique : le nom de « PETIT chaperon rouge » montre l’importance de la caractéristique du personnage, le chaperon est « petit » mais l’enfant l’est aussi. Elle est trop petite non pas pour porter l’habit mais pour faire face à ce qu’il symbolise et à ce qu’elle s’engage à devenir en le portant.
Dans les deux contes écrits, le danger qui menace l’enfant est la sexualité car elle n’est pas assez mûre sur le plan affectif. Le petit chaperon rouge aborde quelques problèmes cruciaux que doit résoudre la petite fille d’âge scolaire quand ses liens œdipiens s’attardent dans son inconscient, ce qui peut l’amener à s’exposer aux tentatives d’un dangereux séducteur.
Dans sa propre maison, le petit chaperon rouge, protégée par ses parents, est une enfant qui vit sa puberté paisiblement et qui est capable de résoudre ses problèmes alors que dans la maison de la grand-mère qui est en plus malade, la même petite fille est handicapée par les conséquences de sa rencontre avec le loup.

 

a)  ce conte aborde aussi le sujet du désir :

Le mot désir (du latin de "absence"  et "sidus" astre étoilé)  se définit comme un manque (une tension) visant un but (la satisfaction) au moyen de quelque chose. Il semble conscient et choisi là où le besoin semble soumis à la simple néecssité.

Dans le petit chaperon rouge, le désir peut-être inconscient (l’inconscient est une hypothèse formulée par Freud qui désigne l’instance du psychisme extérieur et indépendante de la conscience qui nous détermine à notre insu) comme dans le texte des frère Grimm ou le petit chaperon rouge donne l’itinéraire exact au loup pour retrouver la maison de la grand-mère. Ou bien, (cela concerne les deux conte Grimm et Perrault) quand le loup dit à la fillette de venir dans le lit et qu’elle le fait sans hésitation : on peut dire que c’est une réponse à la tentative de séduction du loup et que donc, inconsciemment, elle le désire.
L’être humain a un désir envers les personnes dangereuses, supérieures à lui ou violentes mais cela ne veut pas forcément dire que nous voudrions nous retrouver dans une telle situation.

Pour illustrer le désir envers le « mauvais côté de l’homme » je vais vous montrer un extrait du film : on voit l’attirance pour le côté obscur quand son interlocuteur dit :  « Valerie, I’m wrong for you » (valerie je suis mauvais pour toi) et qu’elle répond « I don’t care »  (je m’en fiche).

Le désir se distingue du besoin pour ce qui est de la conscience. Le besoin est ce qu’il est nécessaire d’avoir pour vivre alors que le désir et ce que l’on veut pour atteindre le bonheur. Selon Freud, le désir sexuel est mauvais pour l’être humain et il vaut mieux ne pas y céder car le manque de celui-ci le rendrait encore plus mauvais (quand tu désires, tu souffres parce que tu manques de quelque chose mais quand tu satisfais ton désir cela va mieux jusqu’à ce que tu désires à nouveau). Rousseau, lui, pense dans La nouvelle Héloïse qu’il est important de désirer quelque chose ou quelqu’un :  « Malheur à celui qui n’a plus rien à désirer ! ». Pour Rousseau, le but du désir n’est pas forcément d’obtenir l’objet qu’on convoite mais de désirer.

 

b) Dans Le petit chaperon rouge, il y a Autrui ou alors le ça :

Autrui du latin alter (« l’autre, celui qui n’est pas le même ») désigne l’autre dans sa dimension de personne, de sujet moral. Autrui est à la foi celui qui n’est pas moi et le même que moi.

Jean Paul Sartre a dit dans L'Etre et le néant : « Autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même ». Ici, Sartre montre le rôle fondamental que joue le regard de l’autre et notamment l’expérience de la honte. À la puberté, les jeune fille peuvent avoir honte d’elles-mêmes à cause du regard des hommes qui change sur elles. Les hommes ne les regardent plus comme des petites filles mais comme des femmes qu’ils désirent. Et ces mêmes jeunes filles ne sont pas forcément prêtes à être regardées de cette manière par ces hommes. La citation « L’enfer, c’est les autres » prend tout son sens dans ce cas. Aussi, le fait que le petit chaperon rouge se couvre rend le désir encore plus fort car l’homme (l’être humain) désire l’inatteignable.

Freud qui s’est beaucoup intéressé à l’inconscience a déterminé dans ses topiques  trois instance du psychisme (le Ca, le Surmoi et le Moi) dont l’une est le Ca. Le Ca est une partie de l’être humain qui cherche constamment à satisfaire les pulsions sexuelles, la libido et les pulsions mortelles. Elles sont inconscientes et obéissent à ce que Freud appelle « le principe du plaisir ». Bettelheim appelle le loup le « ça » justement car, dans le conte, le loup représente le séducteur, il représente le coté de l’homme qui répond à ses plaisir sur le plan sexuel et qui n’hésite pas à profiter de la naïveté de la jeune petite fille.

 

 II - Les déviances sexuelles 

Les déviances sexuelles sont les pratiques sexuelles punies par la loi à savoir le viol (Rapport sexuel imposé à une personne sans son consentement), la pédophilie (attirance sexuelle d'un adulte pour les enfants, filles ou garçons ; relation physique avec un mineur.) et l’inceste (relations sexuelles entre un père et sa fille, une mère et son fils, un frère et une sœur.) Aussi, dans le langage courant l’expression « avoir vu le loup » a une connotation sexuelle. Est-ce qu’elle a été créé à partir du conte, ou est-ce l’inverse ?

a) Le cas du viol du petit chaperon rouge

Dans la version de Perrault, quand le loup à fini de dévorer la grand-mère, il ne remet pas ses vêtements et va donc se coucher dans son lit tout nu, puis quand le petit chaperon rouge arrive à la maison le loup lui demande de le rejoindre. L’enfant se déshabille et se couche, étonné de voir que sa grand-mère est nue, elle prononce donc : «  Mère-grand que vous avez de grand bras ! », à quoi le loup répond : « c’est pour mieux t’embrasser ma fille ». « Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambe ! ».  « C’est pour mieux courir mon enfant ».

Dans la version des frères Grimm, ces deux réplique ont été enleves car elles ont une connotation sexuelle ; et cela nous ramène au viol comme l’explique Bettelheim : par exemple quand le petit chaperon rouge se déshabille et rejoint le loup dans le lit et que le loup lui dit que ses grands bras sont faits pour l’embrasser ; l’auteur ne laisse aucune place à l’imagination.

 Dans le conte Perrault à la fin nous avons une partie Moralité :

« On voit ici que de jeunes enfants, 
Surtout de jeunes filles Belles, bien faites, et gentilles, 
Font très mal d'écouter toute sorte de gens, 
Et que ce n'est pas chose étrange, 
S'il en est tant que le 
Loup mange.
Je dis le 
Loup, car tous les Loups ne sont pas de la même sorte ; Il en est d'une humeur accorte, 
Sans bruit, sans fiel et sans courroux, 
Qui privés, complaisants et doux, 
Suivent les jeunes Demoiselles jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ; 
Mais hélas ! qui ne sait que ces 
loups doucereux, 
De tous les 
loups sont les plus dangereux. »

Quand Perrault dit «  Surtout de jeunes filles Belles, bien faites, et gentilles, [ qui ] font très mal d’écouter toute sorte de gens », il veut dire que si elles le font, il ne faut pas s’étonner que le loup les attrape et les mange. C’est un peu comme le débat :  « elle n’avait qu’à pas mettre une jupe aussi courte ». 

Pour le loup, il est présenté de façon différentes, il y a le loup docile (le loup est ici l’homme, le séducteur, et tous les séducteurs ne sont pas pour autant des violeurs ou des hommes mauvais)  ; il y a le loup féroce qui fait peur à l’extérieur (cela ne veut pas dire qu’il est forcément méchant mais il n’inspire pas confiance) puis il y a le loup qui se présente comme beau, gentil, serviable pour attirer la confiance mais qui finalement s’avère être le plus dangereux de tous les loup : « Mais hélas ! Qui ne sait que ces loups doucereux, /De tous les loups sont les plus dangereux. » 

Un peu comme le mythe des parents qui disent à leur enfants : « si un vieux monsieur te propose des bonbons, ne le suis pas ». Avec ce conte, Perrault sait pertinemment qu’il donne une leçon de morale précise.
Aussi, comme il a été dit précédemment, le petit chaperon rouge est « petit » , donc ici ,il y a une forme de pédophilie car le loup étant un adulte et le petit chaperon rouge l’enfant, il y a bien un cas de pédophilie.

 

L’inceste 

Pour ce cas-là, je vais m’appuyer sur le film car dans le film, même si le chaperon rouge est plus âgé que dans les livres, et qu’elle a dépassé la puberté, elle n’a que quinze ans. Dans le film, le loup est un loup-garou, ce qui le rapproche encore plus du fait qu’il soit humain. De plus, le loup dans le film est le père. Donc, avec tout ce qui a été dit depuis le début, on peut dire qu’il y a le cas d’inceste (même si cela n’est pas le cas dans le film).
Si l’on se rapport à l’histoire du conte et au fait que le petit chaperon rouge soit en pleine puberté mais qu’elle soit encore mineure et au fait que le loup est un violeur et un pédophile, quand nous voyons que dans le film  le loup est le père, (même si ce n’est pas le choix de la réalisatrice) il y a clairement une situation d’inceste entre le père et la fille.

On peut donc aborder le complexe d’œdipe : soit la théorie psychanalytique de Freud dans laquelle l'enfant éprouve inconsciemment du désir pour son parent du sexe opposé (Œdipe est un personnage de la mythologie grecque qui a tué son père et épousé sa mère).  Le complexe d’œdipe prend place vers l’âge scolaire primaire et il s’arrête quand débute la puberté mais dans le cas du petit chaperon rouge (dans le film) le complexe d’œdipe a lieu dans la réalité car le père à répondu à des avances auxquelles il ne devrait pas céder.

 A noter : dans la version des frères Grimm le père est représenté par le chasseur et donc le sauveur de l’histoire.

 

 Conclusion

D’après l’étude faite, Le petit chaperon rouge représente et symbolise le passage de l’enfance à l’adolescence de la jeune fille - mais dans une version plus ou moins traumatisante car le loup peux aussi être docile et il n’y a pas forcément viol, pédophilie ou inceste.
Le conte évoque aussi les désirs naissants en la petite fille qui passe par la puberté. Et il évoque les trois principales déviances sexuelles punies par la loi-  à savoir le viol, la pédophilie et l’inceste.

Ce conte évoque la citation « l’homme est un loup pour l’homme » (Plaute repris par Hobbes) qui démontre que l’homme a et aura toujours ce côté bestial en lui qui peut resurgir à tout moment, que ce soit par nécéssité ou juste par plaisir.

 

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