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Emelie Schepp, "Sommeil blanc"

Publié le 27 Janvier 2018, 10:00am

Catégories : #ROMANS

Une héroïne peut en cacher une autre

Après Mar­quée à vie qui avait per­mis aux lec­teurs fran­çais de décou­vrir une jeune pro­cu­reure sué­doise tout feu tout flammes (notam­ment à cause d’un passé d’enfant-soldat plus que trouble), Jana Ber­ze­lius, Som­meil blanc nous per­met de retrou­ver la jeune femme qui enquête cette fois-ci sur un réseau inter­na­tio­nal de tra­fic de drogue – ce qui va l’amener à se confron­ter de nou­veau son ennemi ata­vique, l’inquiétant « Hadès » : Danilo Peña.
Nous sommes en pleine période  de fêtes de Noël, et pen­dant que la neige tombe dru une thaï­lan­daise de Bang­kok âgée de 15 ans est retrou­vée morte dans un train en pro­ve­nance de Copen­hague. Il s’agit d’une « mule », à  l’estomac, rem­pli d’une cin­quan­taine de cap­sules d’héroïne, qui a suc­combé à une over­dose lorsqu’une cap­sules a crevé. Les membres  l’unité de police judi­ciaire de Norrkö­ping s’efforce alors de retrou­ver son amie, qui l’accompagnait comme mule elle aussi tout en inves­ti­guant sur le nou­veau groupe mafieux qui a repris, sous la férule du « Vieux » mys­té­rieux, les rênes du mar­ché après après l’exécution de l’ancien patron, Gavril Bola­naki, dans Mar­quée à vie.

La trame du récit, fort conve­nue sinon clas­sique pour ce polar de genre, n’a rien d’extraordinaire mais est effi­ca­ce­ment ser­vie par un double axe : d’un côté le quo­ti­dien des enquê­teurs, empê­trés dans les petits tra­cas de leur quo­ti­dien (Eme­lie Schepp  consa­crant une bonne part du livre aux por­traits psy­cho­lo­giques détaillés du boss, Gun­nar Öhrn, amou­reux de a col­lègue, Anneli, du fou­gueux Hen­rik Levin dont la femme va accou­cher, de Mia Bolan­der, la dépha­sée de l’équipe en plein marasme sexuel et rela­tion­nel). De l’autre, les déboires tant exis­ten­tiels que mné­siques (et aussi pro­fes­sion­nels tant qu’à faire) de Jana Ber­ze­lius, han­tée par le retour du refoulé que consti­tue son enfance de délin­quante ultra-violente (quand une héroïne cherche à éra­di­quer toute héroïne, la psy­cha­na­lyse sau­vage n’est jamais loin…) et qui va devoir cre­ver l’abcès de son rejet par son père adop­tif,  l’ex-brillant magis­trat en retraite Karl Ber­ze­lius.
S’il n’y a rien, sur le papier nar­ra­tif, de nou­veau sous le soleil au au-dessus de la glace qui jus­ti­fie qu’on déplace les foules pour cet opus, il convient tou­te­fois de sou­li­gner com­bien l’auteure maî­trise les codes du page-turner et sait tenir en haleine, de courts cha­pitres en rebon­dis­se­ments mul­tiples, le lec­teur en entre­croi­sant avec dex­té­rité les fils de son intrigue. L’on se prend ainsi au jeu de cette gale­rie de per­son­nages lan­cés dans une course contre la montre (soit indi­vi­duelle, soit col­lec­tive) en se deman­dant com­ment l’ancienne tueuse aguer­rie Jana Ber­ze­lius va bien pou­voir se tirer de l’étau qui se res­serre de plus en plus autour d’elle.

Sommeil blanc par­vient sans faille aucune, de ce point de vue, à empê­cher la som­no­lence : adré­na­line garantie !

fre­de­ric grolleau

Eme­lie Schepp, Som­meil blanc, Har­per Col­lins, jan­vier 2018, 400 p. - 19,90 €.

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