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Sumo (revue de presse)

Publié le 27 Avril 2016, 18:06pm

Catégories : #OEUVRES PERSONNELLES & Revues de Presse

Sumo (revue de presse)

Frédéric Grolleau : le triangle des Bermudas

Ecrivains et auteurs : 
 

Il faut attendre la dernière page du roman de Grolleau pour comprendre les raisons des quid de couacs programmés par son faux menteur de troubles. D’un côté un travail narratif où se mêlent absurde et humour nonsensique, d’un autre la mise à nu de la vie qui double l’âme d’un héros des cités périphériques en buttes soumises aux affres religieuses et enfin - pour que le triangle s’iso-scelle - la présence de Nicolas Rey : faute d’avoir encore sa chronique sur France-Inter il trouve là une starisation (enfin presque).

 

Grolleau  taille un short bermudien à ce dernier mais peut s'éprouver ce qui rapproche les deux auteurs. Il existe dans l’esprit de deux « escrocs-griffes » et  pilleurs de troncs-sons la même saveur satirique et satyrique contre le prêt à croire, à consommer et à porter littéraire et artistique. Le livre dépote à chaque page. Et ce au nom même de son titre. Le Sumo est celui qui fait le ménage sur le tapis de sol où il entame une danse cérémonielle et gluante du ventre. Mais « Sumo » rappelle aussi le « je suis » du Cogitode Descartes. Il y a donc là à la fois la sacralisation de l’ « héneaurme » cher à Dubuffet et le nécessaire déverrouillage de la modalité rationnelle. Elle fit de manière hâtive une « belle » abstraction sur tous les miasmes que la conscience ignore.

 

 

L’ « hourloupe »  (Dubuffet pouvant être une fois de plus rameuté au sujet de Grolleau) va donc bon train et peut toujours en cacher un autre. La vie ne cesse de dérailler là où la subjectivité orphique ose tout et surtout  des détours corrosifs. Le texte devient la chimère des chient-mères ou si l’on préfère des clercs pas très nets et des rhéteurs viseurs de raies alités. Grolleau ne cesse de mettre la main aux plus poilues d’entre elles ainsi que le paquet là où le bas blesse. C’est jouissif à souhait. Voici un livre à offrir à tous les coincés du derviche tourneur. Plus généralement à lire en urgence par tous les frénétiques des  fornications littéraires.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

Frédéric Grolleau, « Sumo », Les éditions du Littéraire, Paris, 180 pages, 18,50 €.

source : Le Salon Littéraire

http://salon-litteraire.com/fr/roman/review/1913233-frederic-grolleau-le-triangle-des-bermudas

 

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Dans l’attente de la destruction

Ce n’est pas parce que tout nous échappe qu’il faille faire semblant d’être l’organisateur du bordel ambiant. Grolleau le prouve dans une fiction « caliente » où pour la première fois  Nicolas Rey devient héros de roman (mais plus en Bernardo que Zorro). Pour lui et pour tous ceux qui affirment leur« Sum » (je suis), la pierre qui roule de Spinoza, comme celle de Mike Jagger, est au bas de la pente. Bref, elle devient tombale. Pour autant, il n’est pas nécessaire de se la pendre au cou et se jeter à l’eau. Nos maîtres feront l’affaire et l’enfer.
A tous ceux qui auraient des tendances suicidaires, il est donc plus que recommandé de lire la fantaisie militaire de Grolleau. Elle l’est autant que le fut l’album du même nom de Bashung. C’est dire que dans ce cas un soda vaut pour un militaire - fut-il anonyme et mort inconnu, comme l'a récemment affirmé F. Hollande. C’est d’ailleurs contre tous les régis-soeurs et nos faux frères que le romancier perd volontairement le contrôle de sa fiction.

Telle une femme qui veut ce que la raison refuse, Sumo  soumet à de multiples décharges sauf celles que le héros (dès que Rey est alité) se réserve avec des pâquerettes. Elles renouvelleraient bien nos mortes saisons et mornes plaines quoique - avec le temps - nous savons qu’il est nécessaire de persévérer pour aboutir au fiasco. Seules annoncent ici le printemps des hirondelles qui rappellent les« anvélos » de Queneau. Elles ont toutefois troqué leur cycle mensuel pour des véhicules mobiles à moteur de meilleure extraction afin d’hanter les immeubles en T de banlieues soumises à des retours du refoulé religieux où les femmes seront bientôt obligées de cacher jusqu’à leur ombre.
Néanmoins, face aux apostats et envahisseurs new age ou coraniques, F. Grolleau ne prêche pas : il se marre (jaune) pour qu’on sorte plus vivant que mort face à la doxa du nouveau système post 11-septembre. L’auteur le résume en 33 commandements. Ce qui tend néanmoins à prouver que notre crucifixion ne saurait tarder.

C’est pourquoi - avant qu’advienne que « pourrave » - il est urgent de siroter ce Sumo qui ignore les lourdeurs comme les pressions de Cogito (Grolleau ergote ses ergo).  Le « délyre » n'en est que plus suave. Les mains au panier (pas seulement de crabes) ne manquent pas. Et l’auteur (du moins son sombre héros) ne met pas forcément des gants de chirurgien pour le tripoter de manière adéquate. Chapeau.

jean-paul gavard-perret
 

Frédéric Grolleau, Sumo, Les éditions du Littéraire, Paris, décembre 2014, 180 p. - 18,50 €.

 
source:  lelitteraire.com

http://www.lelitteraire.com/?p=13445

 

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